"Je leur ai fait du mal": ce qu'a dit le suspect du quintuple meurtre de Meaux en garde à vue

Un homme "absent" face aux enquêteurs, qui reconnaît avoir décimé sa famille après avoir "entendu des voix". Le père de famille de 33 ans, accusé d'avoir tué sa femme et ses quatre enfants à Meaux (Seine-et-Marne), a été mis en examen ce jeudi 28 décembre pour "homicides volontaires sur mineurs de 15 ans", "homicide volontaire par conjoint" et aussi pour "tentative d'assassinat" sur son père.
Lors de sa garde à vue, l'homme a reconnu les faits et décrit son mode opératoire. Aux enquêteurs, il a assuré avoir "entendu des voix" qui lui demandaient de "faire du mal", sans parvenir à "identifier un élément déclencheur de son passage à l'acte", selon le procureur de la République de Meaux.
"Il a précisé que, depuis les faits, il ne 'ressentait rien' et 'se sentait vide'", a ajouté le magistrat.
Un suspect sans émotion
Devant les enquêteurs en garde à vue, l'homme s'est effectivement montré dénué d'émotion, a appris BFMTV auprès d'une source proche de l'enquête. Quand on lui a demandé s'il avait des regrets, il a simplement répondu qu'il n'avait pas d'émotions.
D'ailleurs, tout en reconnaissant les faits, il n'a jamais verbalisé qu'il a "tué" sa famille. Il a sans cesse répété: "Je leur ai fait du mal".
Une source proche de l'enquête l'a décrit comme "absent", "docile". Il semblait ne pas du tout réaliser ce qu'il lui arrivait. Il s'intéressait peu à la procédure et à l'enquête, ne posait aucune question mais répondait à toutes.
Le suspect semblait totalement décalé par rapport à la situation, au point même que les enquêteurs ont évoqué un moment où il a rigolé sans raison apparente en réponse à une question anodine.
La question de sa santé mentale n'est pas évidente pour les enquêteurs, qui ont noté que le père de famille répondait normalement à leurs interrogations. Un autre épisode sème le trouble: lorsque les amies de sa femme l'appellent sur son téléphone le 25 décembre - car elles sont inquiètes de ne pas avoir de nouvelles - le mis en examen répond qu'elle est partie à Paris voir des proches.
Le mode opératoire décrit en détail
D'après les résultats des autopsies pratiquées mercredi, la mère et ses fillettes de 10 et 7 ans ont "été victimes d'une dizaine de coups de couteau chacune", "administrés avec une très grande violence". Les garçons de 4 ans et 9 mois sont "décédés d'une asphyxie consécutive à une noyade", a précisé le parquet.
En garde à vue, le suspect a expliqué qu'il s'était blessé à la main en tenant ses victimes pendant qu'il les poignardait.
Une fois les cinq membres de sa famille tués le 24 décembre au soir, le père de famille a raconté s'être changé, puis être allé dormir sur le canapé sans rien nettoyer de la scène de crime, ni même cacher le couteau.
Le lendemain, jour de Noël, il prendra un VTC pour aller chez son père en Seine-Saint-Denis. Alors il frappe chez lui, son père ne veut pas lui ouvrir, le voyant avec un couteau et la main ensanglantée, a-t-il indiqué à nos confrères de RMC. Selon une source proche de l'enquête, il était au courant qu'il s'était passé quelque chose sans savoir quoi. Par la suite, le mis en examen a dormi dans la cage d'escalier avant que les policiers ne l'arrêtent, et découvrent le couteau à ses côtés.
"Il est venu vers 1 heure du matin. Il était blessé parce qu'il avait un couteau. Quand il a toqué, je n'ai pas ouvert la porte", a raconté Ndodé, 70 ans. Il a ajouté: "Il est reparti, j'ai appelé la police et il est revenu vers 7 heures du matin. J'ai dit aux policiers de faire vite parce qu'il était devant la porte et que je ne le faisais pas entrer."
Contacté par BFMTV, l'avocat du mis en examen, Me Ludovic Beaufils, n'a pas voulu répondre à nos questions.