Incendie à Paris: les fumées dégagées par les flammes du centre de tri sont-elles toxiques?

Une fumée noire, une odeur persistante de plastique brûlé et une inquiétude qui a traversé l'esprit de nombreux Parisiens, ce lundi 7 avril. Un incendie a ravagé un centre de tri et de traitement de déchets dans le 17e arrondissement de la capitale. Si aucune victime n'est à déplorer, un immense panache de fumée s'est dégagé du lieu du sinistre, laissant craindre le pire pour la santé des habitants de la capitale.
Sur X, la Préfecture de police demande à certains Parisiens de "rester à leurs domiciles, de maintenir les fenêtres fermées et, en cas de difficultés respiratoires, d'appeler le 18". Cela concerne "les riverains habitant entre avenue Clichy/boulevard périphérique/rue de Saussure et la rue Cardinet".
De son côté, le professeur Bruno Megarbane, toxicologue et chef du service réanimation à l'hôpital Lariboisière à Paris, rappelle que "lorsqu'il y a un incendie, les fumées qui s'en dégagent sont toujours toxiques".
Les autorités rassurantes mais prudentes
Mais le scientifique nuance les dangers qui dépendent de ce qui a brûlé, car "la nature des gaz qui vont composer cette fumée dépend de ce qui a été brûlé". Les personnes sur place dans un milieu confiné, comme les pompiers, vont, elles, respirer du monoxyde de carbone et du cyanure, "qui est le toxique qui tue au moment d'un incendie", détaille Bruno Mergarbane sur BFMTV.
Ce dernier note qu'il y a aussi des "fumées et gaz irritants". Cela peut être des acides, de la vapeur d'eau chaude ou de la suie. "Ils vont irriter les yeux et surtout l'arbre respiratoire, depuis le nez jusqu'au poumon profond", prévient le toxicologue qui précise "qu'il faut être assez proche du feu".
Mais les autorités ont déclaré "qu'aucune toxicité" n'a été détectée "pour l'instant", selon les termes du préfet de police Laurent Nuñez. "On a effectué des mesures parce qu'il y a eu un panache de fumée. Airparif a effectué un certain nombre de prélèvements sur l'ensemble de la région et on est en dessous des seuils de recommandation", a-t-il précisé lors d'un point presse.
"À cette heure, il n'y a pas de toxicité dans toutes les analyses que nous avons pu faire", a assuré pour sa part la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher sur BFMTV ce mardi peu avant 8 heures.
"Je suis heure par heure cette situation, on est dans un sujet de qualité de l'air, nous avons des protocoles pour pouvoir suivre ce type de situation et prendre toutes les mesures le cas échéant, s'il s'avère qu'il y a de la toxicité dans l'air. Nous allons continuer à suivre cela", a-t-elle ajouté.
Des fumées à "170 mètres"
"Des informations plutôt rassurantes", avait jugé quelques instants plus tôt sur BFMTV Geoffroy Boulard, maire LR du XVIIème arrondissement de Paris, qui s'inquiète toutefois des "retombées" de l'important nuage "très épais et très visible, d'une hauteur de 170 mètres" généré par l'incendie.
"Les mesures se poursuivent, j'ai demandé à ce qu'on mette des capteurs un peu plus largement, pas uniquement dans le XVIIème arrondissement concerné, mais aussi dans les Hauts-de-Seine", détaille l'élu, qui ajoute que "les éléments étaient rassurants hier soir" et donc que "les mesures devraient être levées" prochainement.
Ce sinistre est loin d'être un cas isolé. Sur BFMTV, Corentin Duprey, président du Syctom, le site touché par l'incendie, précise qu'il y a "très fréquemment" des départs de feu sur les centres de tri de la métropole du Grand Paris, avançant le chiffre de "centaines dans l'année".