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Ile-de-France: le niveau de particules ultrafines est deux à cinq fois plus élevé près des axes routiers

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Une étude d'Airparif effectuée sur l'été 2021, a mesuré le niveau de ces nanoparticules à proximité de trois axes routiers parisiens.

Ce sont des données "inédites" qui ont été dévoilées cette semaine par Airparif. L'observatoire de la qualité de l'air en Ile-de-France a publié les résultats d'une étude sur le niveau de particules ultrafines à proximité des axes routiers.

"C'est intéressant et inédit puisqu'on s'intéresse à des particules ultrafines qui sont pas encore réglementées donc qu'on a pas l'habitude de surveiller", souligne Pierre Pernot, directeur de la communication d'Airparif, invité ce jeudi de BFM Paris-Ile-de-France.

Trois axes routiers mesurés

Dans le cadre d'une campagne générale de mesure sur le niveau de ces nanoparticules, plus petites qu'un virus, Airparif révèle que leur concentration est plus élevée à proximité des axes routiers. Au cours de l'été 2021, Airparif a effectué des mesures sur trois axes routiers distincts: une nationale menant à Paris, le périphérique, et un grand boulevard de la capitale.

Une étude d'Airparif sur les particules ultrafines près des axes routiers
Une étude d'Airparif sur les particules ultrafines près des axes routiers © Airparif

Selon les résultats de l'observatoire, la quantité de particules ultrafines sur ces routes est deux à cinq fois plus élevée qu'à la station de référence d'Airparif située à Paris, loin du trafic, qui indique un niveau de particules de 9200 particules/m3.

C'est sur la route nationale que les particules fines sont les plus présentes avec 53.300 particules/cm3 en moyenne, soit un niveau plus de cinq fois supérieur à celui enregistré à la station de référence.

Sur le boulevard périphérique, les particules ultrafines sont légèrement moins importantes, mais elles restent deux fois et demi plus présentes dans l'air qu'à la station de référence. Enfin, c'est sur le boulevard parisien que les relevés sont les plus faibles avec 16.600 particules/cm3 soit tout de même presque deux fois plus qu'en dehors des axes routiers.

Plus de 300.000 particules/cm3 en heures de pointe

Cette concentration en nanoparticules est particulièrement forte au moment des heures de pointe le matin et le soir. Plus de 300.000 particules/cm3 ont notamment été détectées sur l'une des routes franciliennes.

Elles sont en revanche moins présentes la nuit lorsque la circulation est plus faible. Leur niveau baisse toutefois moins rapidement que pour les particules fines classiques.

L'étude révèle également que la quantité de particules ultrafines n'est pas totalement proportionnel au nombre de véhicules présents sur la route. "Cela nous a surpris dans cette étude-là", reconnaît Pierre Pernot. Selon les analyses d'Airparif, d'autres facteurs peuvent aussi influer sur le niveau de particules ultrafines sur les routes.

"On pense que le parc roulant, par exemple le nombre de diesels, peut avoir une influence très importante (...) On pense aussi que les régimes moteurs, avec des arrêts et des redémarrages, peuvent être importants ou alors si l'axe est en pente comme c'était le cas pour la nationale étudiée".

Des conséquences sur la santé

Par ailleurs, selon l'étude d'Airparif, une grande partie des particules, mesurées à proximité des axes routiers franciliens et émises par les véhicules, seraient particulièrement petites avec un diamètre d'environ 15 nanomètres. "C'est une des plus petites fractions des particules ultrafines", précise l'étude.

"Elles peuvent être 25 fois plus petites que les classiques particules fines les PM2.5", complète Pierre Pernot.

Problème, l’étude rappelle que, plus les particules présentes dans l'air sont fines, plus elles ont des conséquences néfastes pour la santé. "Elles vont pouvoir pénétrer très profondément dans l'organisme. Donc on leur suspecte des impacts cardiovasculaires, comme les autres particules, mais aussi des impacts neurologiques", détaille le directeur de la communication d'Airparif.

Désormais, pour Airparif, l'enjeu est d'inciter à prendre des actions pour lutter contre ces nanoparticules pas encore réglementées. L'observatoire de la qualité espère que la question des particules ultrafines sera intégrée dans la future norme européenne "Euro 7" qui doit être publiée prochainement.

"Cette norme pourrait être un des leviers de diminution de l'exposition de la population à ces polluants qui plus est, si des mesures à l'émission en conditions réelles sont imposées", note Airparif dans son communiqué.

En attendant, l'observatoire de qualité de l'air francilien continue son travail d'étude sur les particules ultrafines, débuté il y a déjà plusieurs années. Airparif s'était d'abord intéressé aux différences de niveau entre agglomération parisienne et zone rurale avant de poursuivre avec cette étude sur la quantité de particules près des axes routiers.

Actuellement, c'est le niveau de particules ultrafines à proximité des plateformes aéroportuaires de la région Ile-de-France qui est examiné. La fin de l'étude est prévue pour 2024.

Gauthier Hartmann