Hauts-de-Seine: faute d'examinateurs, les candidats doivent attendre 6 à 8 mois avant de passer leur permis de conduire

Les auto-écoles et les examinateurs déposent un préavis de grève commun le 29 septembre. (Illustration) - GEORGES GOBET / AFP
Dans les Hauts-de-Seine, les délais d'attente pour avoir une place à l'examen ont pu atteindre six à huit mois, selon un représentant des auto-écoles. En cause : le manque d'examinateurs. Si le cas du département est particulièrement critique, ce constat semble généralisé à l'ensemble du secteur. Pour alerter sur le sujet, les organisations professionnelles des auto-écoles et le syndicat majoritaire des inspecteurs du permis de conduire (Snica-FO) déposent un préavis de grève commun le 29 septembre.
Le 10 mars 2025, les dirigeants d'auto-écoles manifestaient devant la préfecture des Hauts-de-Seine pour protester contre le manque d'inspecteurs du permis de conduire, qui rallonge les délais d'obtention d'une date d'examen pour les candidats au permis.
À l'époque, le responsable de l'ECF de Levallois Perret, Ibraïma Kouyate, expliquait auprès de BFM Paris-Île-de-France que cette situation était due au coefficient des Hauts-de-Seine, c’est-à-dire le nombre de candidats au permis de conduire qu'un moniteur peut présenter chaque mois.
Dans la foulée de cette manifestation, le préfet du département était parvenu à débloquer des mesures d'urgence. "J’ai écrit au délégué à la sécurité routière dès le 24 février pour l’alerter sur la situation. Nous aurons donc huit effectifs supplémentaires rapidement, six dans le cadre de mouvements classiques et deux recrutements via La Poste", indiquait au Parisien Alexandre Brugère.
Une situation étendue à d'autres départements
Cette situation ne se limite pas aux Hauts-de-Seine. Le manque d'examinateurs est criant dans certains départements, et le taux de réussite qui a plafonné à 55,9% en 2023 implique plusieurs passages pour de nombreux candidats.
Attente à rallonge, coût du permis qui "explose" et "tensions croissantes" avec les candidats: pour alerter sur la "crise" du secteur, l'intersyndicale des gérants d'auto-écoles (Unic, Unidec et Mobilians) a été reçue par l'exécutif deux fois en deux mois, en juillet au ministère de l'Intérieur et vendredi à l'Élysée.
À l'issue de cette dernière réunion, elle estime que "les décisions restent malheureusement bloquées par les contraintes budgétaires et l'absence d'un gouvernement, et donc du ministre compétent, en mesure d'agir" pour raccourcir les délais, rapporte l'Unic dans un communiqué.
"Le manque d'inspecteurs et donc le nombre global de places d'examen restent dramatiquement insuffisants face à la hausse du nombre d'inscriptions au permis de conduire (+16,7% en cinq ans)", notamment en raison de l'ouverture du permis aux jeunes de 17 ans en 2024, explique l'Unic.
Passer de 20 à 28 heures de conduite avant l'examen
Ils appellent aussi leurs adhérents à manifester à Paris. "Le mouvement va être suivi", prédit le président de l'Unic, Benjamin Panis. D'après lui, "la situation est plus délicate qu'en 2019", date d'un défilé de "3.000 voitures" auto-écoles dans la capitale contre une réforme du permis.
"Alors que la loi impose un délai maximal de 45 jours entre deux présentations à l'examen, plus de 90 départements dépassent les délais légaux, et le délai moyen est aujourd'hui de 85 jours", souligne l'Union nationale des indépendants de la conduite.
Les auto-écoles traditionnelles demandent de passer de 20 à 28 heures de conduite exigibles avant l'examen, afin d'améliorer les taux de réussite. Elles réclament également le recrutement d'au moins 150 inspecteurs du permis.