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Faire payer l'entrée de Notre-Dame "n'est pas notre tradition": l'archiprêtre de la cathédrale plaide pour la gratuité des visites

La cathédrale Notre-Dame de Paris en décembre 2024, avant la réouverture au public.

La cathédrale Notre-Dame de Paris en décembre 2024, avant la réouverture au public. - Grégoire CAMPIONE

L'archiprêtre de la cathédrale estime que le lieu offre aux fidèles comme aux visiteurs un "moment de paix" sur lequel il n'est pas concevable de mettre un prix.

Dans moins d'une semaine, les fidèles et visiteurs pourront de nouveau passer les portes de Notre-Dame de Paris. Au cours de la reconstruction du monument s'était notamment posé la question du droit d'entrée de la cathédrale: la ministre de la Culture, Rachida Dati, avait suggéré en octobre dernier de faire payer l'entrée aux visiteurs, les recettes pouvant alors permettre l'entretien du monument.

À quelques jours de la réouverture prévue en grande pompe ce samedi 7 décembre, le recteur-achiprêtre de la cathédrale, monseigneur Olivier Ribadeau-Dumas, a évoqué sur France Inter pourquoi il s'opposait à cette idée.

"Il y a une loi de séparation de l’église et de l'État, parce que les églises ont été confisquées à l’Église, et que les communes et l’État se sont engagés à les entretenir. Il y a quelque chose d’étonnant à faire payer l’entrée de la cathédrale, a-t-il déclaré. Ce n'est pas notre tradition".

Un besoin de paix qui "ne s'achète pas"

Dans sa proposition, la ministre de la Culture avait bien précisé que l'entrée payante ne concernerait que les visiteurs, les fidèles, eux, pourraient continuer d'entrer librement. Une distinction qui n'est pas si simple à faire selon monseigneur Ribadeau-Dumas.

"Je ne sais pas faire la différence entre un visiteur et un fidèle. Je ne sais pas, celui qui entre dans la cathédrale, est-ce qu’il va s’arrêter pour prier, ou pas. Et si on entre comme visiteur, et qu’on sort comme fidèle, qu’est-ce qu’il fait? La deuxième chose, c’est que je crois que dans notre société, on a besoin de lieux dans lesquels on puisse vivre un moment de paix, un moment d’intériorité, et tout ça, ça ne s’achète pas."

Il rappelle également que la reconstruction de la cathédrale a pu être faite grâce à la mobilisation générale. "Cette cathédrale a été rebâtie par la générosité de tous, la générosité de 339.000 personnes, et comment pourrait-on faire payer ceux qui ont contribué à rénover cette cathédrale? Alors il faut trouver d’autres moyens", conclut-il.

Le diocèse de Paris avait lui-même rappelé fin octobre le principe de "gratuité du droit d'entrée dans les églises", soulignant que l'identité même des édifices religieux reposait sur le fait d'accueillir "de façon inconditionnelle et donc nécessairement gratuite tout homme et toute femme, indépendamment de sa religion ou de sa croyance, de ses opinions et de ses moyens financiers."

Face aux réactions engendrées par sa suggestion, Rachida Dati s'était défendue lors des États généraux du patrimoine religieux. "Je n’avais pas l’impression de marchandiser le patrimoine religieux, loin de moi cette idée. Je ne marchandise pas plus ce lieu, dont tant de Français ont besoin pour se recueillir, pour trouver un peu de tranquillité et de sérénité", avait-elle déclaré.

Laurène Rocheteau