Ex-évêque de Créteil sanctionné pour voyeurisme: l'Église veut revoir sa manière de communiquer

Image d'illustration - Photo du Christ dans l'église Saint-Sulpice de Paris - ALAIN JOCARD / AFP
Le manque de communication après les sanctions prises par Rome contre l'ancien évêque de Créteil accusé de voyeurisme doit amener l'Église à "réfléchir à des changements dans (ses) procédures", a réagi ce vendredi le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort.
"La révélation dans la presse de faits graves mettant en cause Mgr Michel Santier est un choc pour de nombreux fidèles", écrit-il dans un communiqué, une semaine après les révélations de l'hebdomadaire Famille Chrétienne, suivies de précisions apportées par le diocèse de Créteil sur son ancien évêque.
Michel Santier est accusé d'"abus spirituels ayant mené à du voyeurisme sur deux hommes majeurs", commis dans les années 1990 dans le cadre de la confession, alors qu'il était prêtre à Coutances (Manche) et directeur de l'École de la foi, une école de formation à la prière pour les jeunes de 18 à 30 ans.
"Sentiment de trahison"
Un dossier de signalement avait été adressé à Rome en décembre 2019 par Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris et responsable de la province dont fait partie le diocèse de Créteil. Le pape François avait accepté sa démission le 6 juin 2020, mais Michel Santier n'a quitté officiellement sa charge que le 9 janvier 2021.
D'autres victimes viennent de se faire connaître, a indiqué jeudi l'archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, qui précise avoir adressé un signalement à Rome et fait en sorte que le procureur de la République soit également informé.
Outre "le sentiment de trahison, la tentation de découragement, (...) l'incompréhension et la colère" ressentis par beaucoup devant ces actes, "j'entends et je reçois aussi les critiques formulées autour de l'absence de communication des mesures romaines quand elles ont été édictées", écrit Mgr de Moulins-Beaufort.
Des réflexions bientôt transmises à Rome
"J'entends aussi la demande d'une plus grande clarté sur ces procédures canoniques et les mesures qui peuvent en découler", poursuit-il, évoquant "une tension entre les exigences du droit canonique, son usage, ses interprétations qui peuvent varier d'un expert à l'autre, les pratiques de la justice de notre pays, le respect des personnes et l'exigence de transparence".
"Nous devons réfléchir à des changements dans nos procédures, dans notre façon de les mener comme d'en communiquer les résultats", conclut-il, indiquant que les évêques commenceront à y travailler lors de leur assemblée plénière, en novembre à Lourdes.
Un groupe de travail mis en place fin 2021 sur les bonnes pratiques face aux plaintes doit également faire des recommandations. L'ensemble de ces réflexions et propositions sera ensuite transmis à Rome, indique-t-il.