BFM Lyon
Lyon

"Montrer que l'Église est accessible": Albertine Debacker, religieuse lyonnaise et influenceuse

placeholder video
Avec plus de 100.000 abonnés en cumulant ses comptes Instagram et Tik Tok, la jeune sœur s'est fait une place sur les réseaux sociaux en abordant avec modernité une thématique singulière, mais sans prosélytisme, assure-t-elle.

Comment la définir? Influenceuse religion? L'alliage a de quoi surprendre. Et pourtant, c'est ce qui semble le mieux correspondre à Albertine Debacker, sœur au sein de la Communauté du Chemin Neuf, à Lyon, et figure d'Instagram et Tik Tok.

La jeune femme, âgée de 27 ans, opterait plutôt pour "créateur de contenus". "J'aime bien donner du contenu et que le contenu, ce soit le message de Jésus Christ, qui me parle et qui a changé ma vie", sourit-elle au micro de BFM Lyon.

Si elle cumule plus de 100.000 abonnés, en additionnant ses deux comptes, et reçoit des dons pour financer son matériel de tournage, Albertine Debacker récuse l'étiquette de "star" des réseaux sociaux que l'on pourrait lui accoler, préférant celle de "disciple de Jésus".

De la finance à la religion

Sa notoriété et son profil singulier suscitent néanmoins la curiosité et nombreux sont les médias à lui avoir déjà consacré un portrait ces dernières semaines. Même son arrivée sur le chemin de la foi constitue pour elle "une petite surprise".

"J'avais plein de projets, retrace-t-elle. Le premier n'était pas de devenir religieuse, ça c'est sûr." Si la jeune sœur est issue d'une famille chrétienne originaire de Lille, elle a suivi des études de finances à Paris avant d'arriver à Lyon.

C'est en tenant l'aumônerie du lycée Sainte-Marie que lui est venue l'idée d'exporter ses activités sur les réseaux sociaux. Elle se demande alors: "Comment je peux rejoindre les jeunes? Il y en a plein qui viennent à l'aumônerie, il y en a plein qui ne viennent pas". Sa méthode: partager son quotidien sans tabou ni filtre, usant de termes accessibles. De quoi lui garantir, à ses yeux, une certaine authenticité.

"Créer une rencontre"

Albertine Debacker réfute pour autant toute action de prosélytisme. "Mon but, ce n'est pas de les attirer à moi, mais à Jésus Christ", clame-t-elle.

"Être sur les réseaux, c'est d'abord montrer que l'Église est accessible, explicite-t-elle. Celle qui assure s'adresser aux chrétiens comme aux non-chrétiens dit vouloir "créer une rencontre" et "témoigner de (sa) joie d'être chrétienne". "Je n'oblige personne à le devenir", promet la jeune femme.

Sa communauté religieuse est en tout cas bien au fait de ses publications sur les réseaux sociaux. "Ils ne surveillent pas toutes les vidéos, je ne leur envoie pas avant de la publier. Ils me font quand même confiance", tient-elle à préciser. (...) Ils se réjouissent, ils encouragent, ils m'accompagnent."

Moderniser l'image de la religion

Albertine Debacker véhicule à travers ses vidéos une image moderne, presque rayonnante de la chrétienté, en rupture avec l'impression de vétusté que peut dégager l'Église. À l'entendre, la chose est un peu plus complexe que cela, jugeant que la perception d'une religion "vieillotte" n'est que "très partielle". D'où son objectif de "montrer la réalité".

"Montrer la réalité", justement, c'est pour elle répondre aux questions que se posent ses abonnés sur la vie des religieux et sur l'évolution de l'Église. Elle a notamment consacré une séquence à la sexualité.

Sexualité et place des femmes

Peu encline à s'exprimer sur la question du célibat des prêtres -"ce n'est pas mon domaine de compétences"-, la jeune sœur n'a par contre aucun mal à revenir sur sa situation personnelle.

"Aujourd'hui, je suis heureuse dans mon célibat, qui a été choisi de manière libre et réfléchie. Ça me comble aujourd'hui", clame-t-elle, même si elle admet que faire vœu de chasteté n'est "pas facile" et qu'un "manque" se fait parfois ressentir.

"On a un peu l'image de la sexualité comme un besoin, comme j'aurais besoin de manger, un besoin vital. Mais en fait, si j'arrête de manger, je meurs. Si je n'ai pas de vie sexuelle, je suis bien vivante", philosophe-t-elle.

S'agissant de la place des femmes dans l'Église, elle rejette toute forme d'immobilisme et promet que "les choses bougent". Elle évoque en particulier un synode, qui a permis "une prise de température du terrain" et un dialogue avec les fidèles.

Albertine Debacker reconnaît certes une forme de lenteur, mais rappelle que l'Église "est un gros paquebot de 2000 ans. On ne peut pas bouger comme ça, en quelques jours".

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions