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Paris Île-de-France

Crack à Paris: un terrain mis à disposition par la SNCF pour accueillir les toxicomanes

Un toxicomane prépare une pipe de crack, le 2 décembre 2020 à Paris

Un toxicomane prépare une pipe de crack, le 2 décembre 2020 à Paris - JOEL SAGET © 2019 AFP

Depuis septembre dernier, les consommateurs de cracks sont regroupés porte de la Villette, dans le 19e arrondissement.

Les consommateurs de crack pourraient bientôt quitter la porte de Villette. Dans un communiqué de presse diffusé ce mardi soir, la préfecture de police dit avoir obtenu le prêt d'un nouveau terrain dans le 12e arrondissement de Paris pour accueillir les toxicomanes.

"La SNCF a donné son accord à l’Etat, qui l’en remercie, pour le prêt et la mise à disposition de ce terrain, vers lequel les usagers de crack pourront être orientés après la réalisation de travaux de pose d’une clôture sécurisée", indique la préfecture.

Ce lieu, situé "à l’intersection de deux faisceaux ferroviaires et du boulevard Poniatowski", répond aux critères fixés par les autorités, selon ce communiqué: "un site qui soit, d’une part, le plus possible éloigné des quartiers résidentiels, commerçants ou des nœuds de transport, et, d’autre part, accessible aux services sanitaires et sociaux".

Anne Hidalgo opposé à un nouveau déplacement

"Déplacer les usagers de drogue ne permet pas de résoudre définitivement la problématique du crack, mais c’est un devoir vis-à-vis des riverains du 19e et du 18e qui ont trop longtemps été éprouvés par la présence des usagers de drogue", écrit par ailleurs la préfecture.

Cette annonce intervient au lendemain d'un échange de courriers avec la maire de Paris, Anne Hidalgo. Dans une lettre consultée par l'AFP, l'édile parisienne dit s'opposer au déplacement des consommateurs de cracks. "La Ville de Paris ne participera en aucune manière à toute nouvelle opération qui ne ferait que déplacer le problème sans chercher à le résoudre de manière efficace et durable", justifie la candidate socialiste à l'élection présidentielle.

Cette lettre répond à celle envoyée le jour même par le préfet de police Didier Lallement dans laquelle il affirme que la présence des toxicomanes porte de La Villette "ne peut avoir vocation à se pérenniser" et demande si la Ville a des propositions à faire pour trouver "un terrain qui ne relève pas de l'espace public et sur lequel pourraient être implantées ces personnes".

Abandon d'un projet de lieu d'accueil

Fin septembre, Didier Lallement avait décidé le déplacement des toxicomanes des jardins d'Eole, où ils étaient regroupés depuis le printemps pour soulager le quartier voisin de Stalingrad, vers la porte de La Vilette.

"Les usagers de drogue ont besoin d'une prise en charge globale, sociale et sanitaire à laquelle la succession d'opérations de police ne répond aucunement", répond sèchement Anne Hidalgo au préfet.

Mi-septembre, la situation semblait s'être débloquée avec la lettre du Premier ministre Jean Castex annonçant le soutien du gouvernement à la création de nouveau lieux "d'accueil et de repos" dans la capitale, solution prônée par Mme Hidalgo.

Mais, devant la mobilisation des riverains, la mairie actait l'abandon d'un projet de lieu d'accueil situé près d'une école. Aucun proposition n'a émergé depuis.

"Depuis près de cinq mois, je n'ai pas eu d'information sur ces solutions alternatives que vous sembliez promouvoir", note le préfet. "L'existence d'une scène ouverte de crack, dont vous assumez la pérennité", lui répond la maire de Paris, "provoque un rejet incompréhensible de la part des riverains et disqualifie l'installation de lieux de soins et de prise en charge adaptés".

Benjamin Rieth avec AFP Journaliste BFM Régions