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"C’est un fou, il a tiré": le passager arrière de la voiture évoque les derniers mots de Nahel

Des policiers déployés à Nanterre (Hauts-de-Seine), après la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un tir de la police.

Des policiers déployés à Nanterre (Hauts-de-Seine), après la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un tir de la police. - Zakaria ABDELKAFI / AFP

Le garçon de 14 ans qui se trouvait à l'arrière du véhicule conduit par Nahel, tué lors d'un contrôle de police à Nanterre, raconte sa version dans un texte écrit transmis au Parisien.

Le récit des circonstances entourant la mort de Nahel, 17 ans, tué à Nanterre (Hauts-de-Seine) lors d'un contrôle de police il y a une semaine, se précise. Après le témoignage du passager se trouvant à l'avant de la voiture, publié dans une vidéo sur les réseaux sociaux, celui d'Adam (le prénom a été modifié), le garçon assis à l'arrière du véhicule a été transmis par son père au Parisien.

Georges (le prénom a été modifié), le père de l'adolescent de 14 ans, s'est confié auprès de nos confrères à la sortie de son travail à Saint-Denis. Il affirme que Nahel était "un grand frère du quartier" pour son fils et que c'est lui qui lui a proposé de l'emmener passer les épreuves du brevet. Selon lui, son fils ne savait pas que "Nahel n’avait pas de permis de conduire, ni qu’il était encore mineur".

Selon Adam, Nahel commence par refuser de s'arrêter lorsque les deux policiers à moto le lui demandent. Mais ceux-ci le rattrapent lorsque le véhicule est pris dans un embouteillage.

"C’est un fou, il a tiré"

Au moment où Nahel est finalement rattrapé par les policiers, ces derniers "pointent leurs armes" sur lui. Le garçon de 17 ans aurait pris "environ trois" coups et aurait tenté de "se protéger la tête". L’un des policiers aurait lancé, toujours selon le récit d'Adam, "qu’il allait lui mettre une [balle] dans la tête". Ensuite, le pied de Nahel aurait "lâché le frein sûrement par panique, en essayant de se protéger".

"La voiture a avancé toute seule. C’était une automatique. Et le policier a dit à son collègue de tirer. Et le coup est parti."

Selon Adam, après avoir reçu la balle dans le thorax, Nahel se serait écrié: "C’est un fou, il a tiré." Lorsque la voiture s'encastre dans du mobilier urbain, Adam ne voit plus Nahel bouger.

"Il n’y avait pas de sang, mais il était penché sur le côté", explique-t-il.

Malgré la sécurité enfant, il réussit à s'extraire du véhicule avant d'être interpellé par la police. Dans son texte, il assure avoir immédiatement "levé les mains" pour leur dire de ne pas lui tirer dessus: "Je me suis retrouvé par terre. J’ai dit (au policier) que je n’avais rien fait, et il m’a dit: 'Ferme ta gueule'. Et il m’a menotté."

"On dirait qu'il ne réalise pas encore"

Adam assiste alors au massage cardiaque de Nahel et explique avoir entendu les deux policiers discuter. Selon lui, celui qui n'a pas tiré aurait dit à son collègue qu’il "n’aurait pas dû tirer, parce qu’ils allaient faire un barrage plus loin". Il aurait ajouté que "Nahel était mort".

Selon Georges, depuis sa sortie de garde à vue, son fils reste mutique: "On dirait qu’il ne réalise pas encore. À chaque fois il dit que ça va, mais je connais mon fils, je sais qu’il souffre. Il a des absences. En ce moment il dort super mal." Selon le père, la famille de Nahel souhaite que le policier soit condamné. Mais il craint qu'il ne soit acquitté.

Le policier auteur du coup de feu a été mis en examen la semaine dernière pour homicide volontaire et a été placé en détention provisoire.

Clément Boutin Journaliste BFMTV