Aubervilliers: victimes d'un marchand de sommeil, des habitants demandent à la mairie à être relogés

Il ne leur reste que quelques jours avant de devoir quitter leur logement. Des habitants du 89 rue Henri Barbusse à Aubervilliers ont récemment vu un avis d'expulsion être placardé dans l'entrée de leur immeuble.
Ils devront tous avoir quitté les lieux mercredi prochain. Un arrêté de péril a été pris le 16 mai dernier pour ce logement insalubre qui n'est donc plus considéré comme habitable. Selon des chiffres de la mairie, ce n'est pas le seul à être dans cet état dans la ville. 20% des logements d'Aubervilliers sont actuellement considérés comme insalubres.
Manifestation des habitants
Une cinquantaine de personnes sont concernées: des personnes souvent précaires, des familles, des personnes en situation de handicap ou encore des personnes âgées. Certaines d'entre elles craignent de ne pas retrouver de logement après l'évacuation.
"Là on ne sait pas où on va aller, j'ai le brevet, je peux pas aller vraiment très loin. Il y a mon petit frère, il va à l'école à côté, il pourra pas venir, ça tombe vraiment au mauvais moment," confie à BFM Paris-Ile-de-France, Shakiba, une adolescente habitant dans l'immeuble.
Face à cette situation, un collectif de riverains, "les habitants du 89", s'est créé pour demander à ce que des solutions de relogement adaptées soient trouvées pour l'ensemble des habitants de l'immeuble.
Pancartes à la main et banderoles placardées sur les murs, ils sont venus exprimer ce vendredi leur mécontentement devant les lieux de la future expulsion. Le 24 mai dernier, des dizaines de personnes s'étaient déjà réunies devant l'hôtel de ville à l’appel de l’association Droit au logement (DAL) afin de demander un rendez-vous avec la maire (UDI) Karine Franclet.
"On veut un engagement de la mairie d'un accompagnement de tous les gens qui habitent ici à être relogés le plus rapidement possible", explique Maëlle l'une des locataires, également membre du collectif d'habitants.
En cas d'arrêté de péril, la loi prévoit que le propriétaire ou le syndic doit assurer l'hébergement des locataires des lieux. Si ce n'est pas le cas, cette responsabilité est portée sur la mairie.
Des habitants sans bail
Problème, dans le cas de l'immeuble du 89 rue Henri Barbusse, plusieurs habitants ne possèdent pas de quittance de loyer de leur appartement. Leurs propriétaires ne leur en a pas fournis, ils n'ont donc pas de preuve légale qu'ils habitent bien à cette adresse pour pouvoir bénéficier du relogement.
Toutefois, selon l'association Droit au logement (DAL), si ces locataires ne possèdent pas de bail, ils détiennent malgré tout d'autres preuves qu'ils résident effectivement dans l'immeuble.
"Aujourd'hui, la mairie ne prend pas en compte tous les habitants notamment ceux qui peuvent prouver qu'ils habitent depuis des années dans ce bâtiment-là, qu'ils sont sous le couvert d'un marchand de sommeil qui a refusé de leur faire un bail et qui a refusé de leur donner des quittances de loyer", atteste Passynia Mondo, militant du DAL auprès de BFM Paris-de-France.
La mairie se défend
De son côté, la mairie se défend, expliquant être contrainte par des impératifs légaux. Interrogée par BFM Paris-île-de-France, l'adjointe à la maire d'Aubervilliers en charge de la santé soutient que certains documents sont indispensables pour pouvoir bénéficier de la solution de relogement de la part de la municipalité.
"Quand on n'a pas de preuve de quittance de loyer, on ne peut pas savoir s'ils sont de bonne foi. Malheureusement, et, humainement c'est terrible, on ne peut pas se substituer aux propriétaires. Pour le coup, s'ils sont tombés sur des propriétaires indignes, vraiment véreux, on ne peut pas se substituer, nous on utilise la loi", justifie l'adjointe Véronique Dauvergne.
Mais les riverains ne comptent pas abandonner leur lutte. L'association Droit au logement appelle la mairie à offrir des engagements d'un relogement de tous les habitants quelque soit leur situation. Si ce n'est pas le cas, elle se dit prête à installer un campement devant la mairie en guise de protestation.