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Paris Île-de-France

Attaques en Israël: à Sarcelles, la communauté juive face à la crainte d'un regain d'antisémitisme

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Dans cette commune du Val-d'Oise surnommée "la petite Jérusalem", la communauté juive représente un quart de la population. Après l'attaque du Hamas en Israël, elle est remise face à ses craintes d'attaques antisémites.

À Sarcelles (Val-d'Oise), la communauté juive se retrouve, depuis samedi 7 octobre, date à laquelle le Hamas a attaqué Israël, plongée dans la crainte, l'attente et l'effroi.

Une peur de la guerre qui se joue à quelques milliers de kilomètres, mais aussi et surtout, celle d'un regain des tensions et de l'antisémitisme. Tous gardent en tête la manifestation pro-palestinienne de 2014, qui s'était soldée en émeutes et en attaques dirigées contre une partie de la communauté juive.

Une ville forte de 90 nationalités

Dans cette commune de près de 60.000 âmes, ce sont toutes les communautés qui cohabitent ensembles. En tout, près de 90 nationalités y sont représentées.

"Tout le monde vit bien ensemble. Tout se passe très bien. C'est vrai qu'il y a des petites tensions qui se sont créées, mais à part ça, dans l'ensemble ça va", souffle Cindy, 26 ans, au micro de BFM Paris Ile-de-France.

Une ville dans laquelle habitants et élus n'hésitent pas à vanter la mixité qui y règne. Même si certains le reconnaissent, les communautés vivent parfois chacune de leur côté.

"On vit ensemble, mais chacun a sa communauté. On est ensemble à l'extérieur, mais on ne se mélange pas trop", concède Marie, autre Sarcelloise.

"La menace peut venir dans la minute"

Plusieurs membres de la communauté juive interrogés par BFM Paris Île-de-France disent se sentir bien dans la commune. "Je n'ai jamais eu d'ennui, que ce soit avec mes voisins ou les autres. Jamais", s'écrit Laurence, 79 ans. Présente à ses côtés, une amie renchérit. "On nous respecte, il n'y a aucun problème."

"Je porte l'étoile de David à mon cou, et je suis fière d'être juive", exprime Dalia, 61 ans.

Pourtant, les stigmates de 2014 sont encore présents dans nombre d'esprits. "En 2014, ce n'était pas une manifestation. Ils étaient là pour écraser du juif et en découdre", lance Enzo. S'il n'indique pas qu'une menace se fait ressentir depuis quelques jours, il sait qu'elle plane. "On sait que, la menace peut venir dans la minute", précise le jeune homme.

La présence policière et militaire renforcée

Du côté de la mairie, Patrick Haddad, maire PS de la commune, admet que la crainte de tensions est dans les têtes.

"On n'est pas à l'abri de répercussions, ici en France et à Sarcelles en particulier, de ce conflit Israelo-Palestinien", indique l'édile au micro de BFM Paris Ile-de-France.

Alors, face à l'attaque du Hamas en Israël, Gerald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a demandé aux préfets de protéger "les lieux communautaires juifs" dans l'hexagone.

À Sarcelles,la présence policière et militaire, déjà importante depuis plusieurs années après les attentats de Toulouse, de l'Hyper Casher notamment, a été renforcée.

"Mon rôle, c'est de faire en sorte que ça ne se reproduise pas. Pour ça, il faut plusieurs choses et notamment des forces de l'ordre présentes", explique Patrick Haddad. Selon l'élu, "la France est un pays qui a la chance d'être en paix" et "le conflit est assez meurtrier là-bas" pour qu'il se répercute ici. Il affirme donc vouloir "tout mettre en oeuvre" pour conserver l'ambiance "fraternelle" qui définit Sarcelles depuis près de 70 ans.

Johan Cherifi, Bettina de Guglielmo et Martin Regley