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Mayotte: des amputations liées à "des retards dans la prise en charge" médicale

Une infirmière soigne un enfant lors d'une consultation médicale dans le bidonville de Cavani, au sud de Mamoudzou, à Mayotte, le 2 janvier 2025.

Une infirmière soigne un enfant lors d'une consultation médicale dans le bidonville de Cavani, au sud de Mamoudzou, à Mayotte, le 2 janvier 2025. - JULIEN DE ROSA

Dans un bulletin consacrée à la situation sanitaire à Mayotte, ravagé par le cyclone Chido mi-décembre, Santé publique France évoque des cas d'amputations liées à "des plaies surinfectées."

Près de trois semaines après le passage dévastateur du cyclone Chido à Mayotte, une surveillance épidémiologique renforcée et une collecte d'informations sur les traumatismes, les décès et les troubles psychologiques ont été mis en place, annonce ce vendredi 3 janvier Santé publique France.

Dans un point au 31 décembre, l'agence sanitaire insiste, outre les priorités immédiates (prendre en charge blessés et urgences vitales, améliorer l'accès aux soins...), sur la nécessité de renforcer les dispositifs de surveillance épidémiologique.

Car à Mayotte ravagée par le cyclone, "la dégradation des infrastructures de base, habitats détruits, disponibilité limitée en eau potable et en électricité, augmente le risque d'épidémies".

Outre les épidémies, l'agence sanitaire note "qu'une semaine après le passage du cyclone, des cas de plaies surinfectées, nécessitant parfois des interventions chirurgicales lourdes (amputations, traitement de fasciites nécrosantes), ont été observés, traduisant "des retards dans la prise en charge." Santé publique France pointe "le faible recours aux soins, même avant le cyclone" qui "a aggravé cette situation."

La fièvre typhoïde et le choléra parmi les "menaces principales"

"Des complications graves, telles que des fasciites nécrosantes ou des chocs septiques, ont nécessité des interventions chirurgicales lourdes, y compris des amputations", écrit SPF.

Parmi les "menaces principales" recensées par Santé publique France: la fièvre typhoïde, le choléra, les gastro-entérites à rotavirus, la leptospirose, et des infections respiratoires comme la bronchiolite.

Ainsi, "mis en place dans les suites immédiates du cyclone", un dispositif de "surveillance renforcée" collecte des données auprès des structures sanitaires (centre hospitalier de Mayotte, hôpital de campagne, centres médicaux...) et de la population, précise SPF.

Ces données concernent les traumatismes (fractures, plaies, contusions), brûlures et troubles psychologiques (stress, anxiété, angoisse, symptômes dépressifs), diarrhées, vomissements, pathologies respiratoires et décompensations de maladies chroniques.

Toutefois, "à l'heure actuelle, la régularité de collecte des données dépend fortement de la capacité de déplacement des équipes", précise SPF.

En complément, des informations sur "les traumatismes, les décès, les troubles psychologiques ainsi que l'accès à l'eau potable" sont collectées auprès des populations via un questionnaire, "avec l'aide des associations locales et des renforts de la réserve sanitaire".

Le but est "d'identifier les patients nécessitant une prise en charge urgente et de recenser les décès (...) qui n'auraient pas été déclarés aux autorités".

Les premières données de cette "surveillance communautaire" montrent "un impact psychologique significatif: près de 48% des foyers signalent des troubles liés au stress ou à la peur, aggravés par des conditions de vie détériorées".

Les destructions provoquées par le passage de Chido le 14 décembre "ont considérablement entravé l'accès aux soins, à l'eau potable et aux produits d'hygiène et alimentaires, exacerbant les vulnérabilités d'une population déjà en situation de précarité".

Matthieu Heyman avec AFP