Chikungunya à La Réunion: l'"épidémie généralisée et majeure" continue de progresser

Un moustique tigre photographié à Bangalore (Inde), le 12 août 2021. - MANJUNATH KIRAN / AFP
Le chikungunya "poursuit sa progression" à La Réunion, indique ce mercredi 9 avril Santé Publique France (SPF) dans son dernier bulletin épidémiologique, qualifiant l'épidémie de "généralisée et majeure".
Depuis le début de l’année 2025, plus de 27.000 cas de chikungunya ont été recensés sur l’île, selon SPF. Sur la dernière semaine, du 24 au 30 mars, 6.289 cas ont été détectés.
36 cas graves
Si elle touche davantage le sud et l'ouest de La Réunion, "l'épidémie continue de s'étendre sur tout le territoire et l'analyse combinée de tous les indicateurs laisse penser que le pic épidémique ne semble pas encore atteint", a souligné SPF.
Les indicateurs en médecine de ville, aux urgences ainsi qu'à l'hôpital ont ainsi poursuivi leur hausse fin mars, selon son bulletin.
De plus, Fabian Thouillot, délégué régional SPF à la Réunion, souligne auprès de BFMTV que ce nombre de cas est probablement sous-estimé. "Si cet indicateur des cas confirmés tend à se stabiliser, ce n'est pas forcément le reflet de la réalité", assure-t-il. "Le suivi de l'épidémie par le biais des cas confirmés atteint peut-être sa limite actuellement".
Il explique en effet que certaines personnes ne font plus la démarche d'aller confirmer leur infection ou que certains médecins "ne prescrivent plus de confirmation à partir du moment où ils voient par exemple le 4e cas au sein de la même famille".
"Puis il y a un volume de données énorme qui arrive auprès de l'Agence régionale de Santé et de Santé Publique France chaque jour. Ce qui fait qu'il peut y avoir aussi un retard dans leur prise en charge", abonde Fabian Thouillot.
L'impact des hospitalisations et des cas graves s'observe chez les personnes fragiles, les nourrissons, les personnes âgées, les personnes avec des pathologies chroniques et les femmes enceintes, chez qui la maladie peut être grave.
Jusqu'alors, 189 hospitalisations dépassant 24 heures ont été signalées, dont près de la moitié concernait des personnes de plus de 65 ans, et un quart des moins de 6 mois, a précisé l'agence sanitaire.
Et 36 cas graves ont été enregistrés pour l'instant: 19 seniors de plus de 65 ans, une personne avec des comorbidités et 16 nourrissons de moins de 2 mois.
Campagne de vaccination
Depuis début 2025, deux décès de personnes de plus 75 ans ont été directement liés au chikungunya. Plusieurs décès sont en cours d'investigation pour savoir s'ils sont imputables à la maladie.
Il n'existe pas de traitement spécifique contre la maladie, mais une campagne de vaccination a été lancée lundi par le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, venu dans l'île.
Les 40.000 premières doses du vaccin Ixchiq (Valneva) sont destinées à des personnes de 65 ans et plus présentant des comorbidités, qui peuvent se faire vacciner gratuitement.
La campagne de vaccination sera élargie aux plus de 18 ans ayant des comorbidités dès la réception de 50.000 nouvelles doses, attendue "fin avril", selon le ministre.
Vendredi, le centre hospitalier universitaire (CHU) a annoncé l'activation du plan blanc face à "une situation de tension persistante concernant la disponibilité des lits d'hospitalisation (et) une augmentation très importante de l'activité des (...) urgences depuis plusieurs jours".
Plus globalement, le délégué régional SPF à la Réunion, Fabian Thouillot, appelle la population à utiliser des répulsifs adaptés, à entretenir leur jardin afin d'éviter "d'avoir un développement de moustique" près de chez eux. Il recommande également de "protéger au maximum les femmes enceintes et les enfants pour éviter les formes graves".
"À ce stade de l'épidémie qui est vraiment généralisée sur l'île, on est tous des acteurs", insiste-t-il.
"Une épidémie moindre" qu'en 2005
Avant la flambée actuelle, aucun cas de chikungunya n'avait été signalé depuis 2010 à La Réunion.
La précédente épidémie remonte quant à elle à 2005 et 2006: 260.000 personnes avaient été touchées et 225 étaient mortes. L'important nombre de cas à l'époque a ainsi permis "à une partie de la population réunionnaise" d'être immunisée lors du déclenchement de l'actuelle épidémie à la fin de l'année 2024. Une fois que l'on a contracté le chikungunya, on est immunisé à vie.
"Donc on a une épidémie de toute façon moindre puisqu'il restait environ 20% de la population immunisée", relève Fabian Thouillot.