Chikungunya: la campagne de vaccination lancée à La Réunion pour les plus de 65 ans à risques

Le moustique tigre (Aedes albopictus), vecteur de la dengue et du chikungunya, colonise progressivement la métropole. - EID Méditerranee - AFP
La campagne de vaccination contre le chikungunya démarre lundi 7 avril à La Réunion. Comme l'a annoncé l'Agence régionale de santé (ARS) dont dépend l'île de l'Océan Indien dans un communiqué, "les personnes âgées de 65 ans et plus présentant des comorbidités", qui n'ont jamais contracté la maladie, pourront bénéficier "gratuitement" de l'une des 40.000 doses disponibles en pharmacie.
Cette vaccination, réalisable auprès d'un médecin, d'un infirmier ou d'un pharmacien, doit servir à "soulager l'hôpital et protéger nos personnes âgées", selon les mots du directeur général de l'ARS de La Réunion, Gérard Cotellon, sur franceinfo vendredi.
Le "Plan blanc", dispositif qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels médicaux en congés, a été déclenché en fin de semaine dernière sur place pour lutter contre l'épidémie qui continue de progresser.
Le CHU de La Réunion fait état d'une "augmentation très importante de l'activité des services d'accueil des urgences" à Saint-Denis et Saint-Pierre, occasionnant une "saturation des capacités d'hospitalisation, malgré l'ouverture de lits supplémentaires", ainsi qu'une "tension croissante sur les ressources humaines, avec un taux d'absentéisme élevé" lié au chikungunya.
Dans le sud de l'île particulièrement, la population a été invitée à "éviter de se rendre aux urgences pour des situations non critiques", alors que "les semaines les plus délicates se profilent", selon le ministre des Outre-mer Manuel Valls. Vendredi, à l'avant-veille d'une visite sur place, il a rappelé qu'un pic est attendu mi-avril.
50.000 doses supplémentaires fin avril
Le chikungunya a causé plus de 20.000 infections à La Réunion depuis le déclenchement de l'épidémie en août 2024. Selon le dernier bilan sanitaire, publié mercredi, près de 6.000 nouveaux cas ont été enregistrés au cours de la semaine du 17 au 23 mars.
Deux personnes, âgées de 86 et 96 ans, sont officiellement mortes du virus, transmis par le moustique tigre. L'ARS a également recensé 31 cas graves, dont la moitié chez des nourrissons.
Pour l'infectiologue réunionnais Patrick Mavingui, cette vaccination tardive "ne va pas arrêter ni diminuer la transmission, vu le délai de 7 à 15 jours pour que le vaccin apporte des anticorps neutralisants", mais elle pourra "au moins diminuer les hospitalisations et formes graves", selon ses propos à franceinfo.
"50.000 autres doses vont arriver d'ici à la fin du mois d'avril", a de son côté assuré Gérard Cotellon vendredi. Le vaccin Ixchiq, du groupe pharmaceutique franco-autrichien Valneva, est le seul disponible après avoir reçu une autorisation de mise sur le marché européen en juin 2024.
L'impact de la maladie reste pour l'instant loin de celui de l'épidémie de 2005-2006, qui avait touché 260.000 personnes -plus d'un tiers de la population- et fait plus de 200 morts sur place.