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Violents orages: pourquoi la Corse n'a pas été placée en vigilance orange plus tôt?

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La Corse a été frappée par un violent orage ce jeudi matin. Dans l'urgence, le niveau de vigilance aux orages a été relevé en dernière minute par Météo-France. Or, d'après les prévisions, le paquet orageux devait contourner l'île.

Un véritable déluge. Un violent orage a traversé la Corse, ce jeudi matin. Un phénomène météorologique qui a dépassé toutes les prévisions et a nécessité le passage de l'île de Beauté en vigilance orange dans l'urgence par Météo France.

Cet épisode aussi imprévisible qu'impressionnant a fait cinq morts et 20 blessés, dont un en urgence absolue, selon un dernier bilan provisoire. Une question se pose alors: pourquoi la vigilance orange aux orages a-t-elle tardé à être enclenché?

"On voyait ce paquet orageux en Méditerranée ce matin, d’où la vigilance jaune, mais il y avait encore une incertitude, explique Marc Hay, journaliste météo de BFMTV.

La plupart des modèles voyaient ce paquet orageux circuler entre le continent et la Corse." En début de matinée ce jeudi, ce même "gros paquet orageux" s'est brutalement orienté vers l’île.

"On a été un peu surpris par les valeurs des rafales"

"Météo France a dû déclencher en toute urgence la vigilance orange puisque les orages ont pris une direction plein est", poursuit Marc Hay.

Les pluies diluviennes ont alors balayé la Corse, occasionnant de nombreux dégâts. D’importantes rafales de vent ont également été enregistrées, jusqu’à 224 km/h à Marignana, en Corse-du-Sud. "On a battu le record absolu (de puissance de vent, NDLR) à Calvi, affirme Patrick Marlière, météorologue et président d’Agate Météo. Il datait de 1999 avec les fameuses tempêtes du siècle".

"On a été un peu surpris par les valeurs des rafales, valeurs tout à fait exceptionnelle qui n'avaient jamais été observées auparavant", avec plus de 200km/h de vent par endroit, a reconnu quelques heures plus tard Christophe Morel, responsable de la permanence prévision de Météo-France, lors d'un point presse.

S'il fallait alerter dès qu'un scénario extrême apparaît dans la prévision numérique, "on ferait bien trop de vigilance et le système deviendrait inutile", a-t-il affirmé. "Il y a un équilibre à trouver, alerter suffisamment et ne pas suralerter", a-t-il souligné, estimant que "là, nous n'avions pas assez d'éléments" en avance.

S'adapter dans l'urgence

"La météo n’est pas une science exacte, rappelle Marc Hay. Et lorsqu’un orage ne réagit pas comme les autres ou prend une direction autre, on est amené à travailler dans l’urgence, à déclencher des alertes dans l’urgence. Et cela a été le cas ce matin quand on a vu ce gros paquet orageux prendre la direction de la Corse".

Cet épisode météorologique n’est pas sans rappeler l’important orage qui a frappé la ville de Paris mardi en fin d'après-midi. La capitale était, elle aussi, placée en vigilance jaune lors du passage des pluies diluviennes, mais pas en orange.

"Ce qui est compliqué pour les modèles c’est de prévoir, on l’a vu sur l’Ile-de-France", explique sur BFMTV Gaël Musquet, météorologue spécialisé dans l’anticipation des catastrophes naturelles.

"Ce sont des petites cellules orageuses qui vont très rapidement évoluer (...). En se déplaçant, on a du mal à savoir si elles vont déverser toute l’eau et amener du vent." L'activation d’une alerte survient alors "quand les stations météorologiques et les radars de pluie voient cette catastrophe se produire", poursuit le météorologue.

Une explication nuancée en fin de matinée par Guillaume Séchet. Dans un tweet, le prévisionniste a partagé le modèle AROME qui "avait prévu cette tempête pour ce matin" dès mercredi 12 heures, précise Guillaume Séchet. Une prévision qui se confirmait dans la nuit de mercredi à jeudi.

La vigilance orange aux orages a été levée en Corse vers 11 heures ce jeudi matin, après le passage de ce phénomène orageux fulgurant.

Charlotte Lesage