Pourquoi les pluies du mois de mai ne suffiront pas à éviter une sécheresse cet été

Image d'illustration - Sécheresse dans un champs - ERIC PIERMONT © 2019 AFP
Après un phénomène de sécheresse signalé en avril dans plusieurs départements, les fortes précipitations de mai semblent rassurantes, mais en réalité, elles n'ont pas forcément compensé le manque d'eau accumulé auparavant. Une bonne partie des départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que plusieurs sur la côte méditerranéenne, semblent ainsi à risque d'être en situation de sécheresse cet été, selon des projections établies par le ministère de la Transition écologique à la mi-mai.
"Malgré le printemps pluvieux que nous connaissons actuellement, la cartographie d’anticipation de la sécheresse publiée à l'occasion du comité révèle que l’été 2021 pourrait être sec", écrit ainsi le ministère.

Humidifier les sols plus que remplir les nappes souterraines
À première vue, il peut sembler étrange que toute cette pluie n'ait pas engorgé les sols pour plusieurs mois, alors que mai 2021 a été 30% plus pluvieux que la normale saisonnière.
"En cette fin mai, les niveaux des nappes restent en effet majoritairement en baisse par rapport à avril. Les eaux infiltrées dans les sols suite aux pluies de mai auront surtout servi à humidifier les sols, au profit de la végétation", explique le média The Conversation, notant que "ces apports pluviométriques devraient toutefois permettre de repousser les campagnes d’irrigation et d’alléger, pour les prochaines semaines, la pression exercée par les prélèvements agricoles".
Ces pluies ont en effet bien eu une incidence sur les sols, mais dans certains endroits, cela a surtout eu un effet sur les terres superficielles, et pas assez dans les nappes en profondeur, comme les nappes phréatiques, qui alimentent par endroits les sources d'eau potable.
La végétation absorbe l'eau
"Les pluies de mai peuvent encore avoir un effet sur les petits volumes très réactifs, pas sur les plus importants, dont les niveaux ont commencé à baisser avec l’évapotranspiration des plantes", explique auprès du Monde Laurence Gourcy, hydrogéologue au BRGM, soulignant que c'est "un phénomène normal au printemps".
En effet, à cette période de l'année, la végétation est pleine croissance et absorbe rapidement l'eau. "En France, seuls 20 à 23% des précipitations annuelles moyennes arrivent à s’infiltrer en profondeur", explique The Conversation, "cette recharge des nappes a lieu essentiellement en automne et en hiver. Au printemps et en été, toutes les conditions sont réunies pour piéger l’eau de pluie, l’empêcher de s’infiltrer en profondeur pour recharger la nappe".
Un été sec à venir
Si l'eau a plus de mal à pénétrer les sols, c'est aussi parce que par endroits, l'état très sec des terres la rend plus dure, et d'une certaine façon elle "s'imperméabilise", expliquait en 2019 à BFMTV François Gourand, prévisionniste à Météo France. Et si la terre s'humidifie dans les prochains jours à la suite de pluies, la chaleur risque d'entraîner l'évaporation rapide de l'eau dans les sols, qui n'a alors pas le temps de s'infiltrer.
Sur France 3 Bourgogne Franche-Comté, Clément Doney, hydrogéologue au BRGM, service géologique national, notait ainsi que si les précipitations, ont eu "un effet positif sur le niveau des nappes phréatiques" dans la région, les sols y réagissent facilement à la pluie mais aussi aux fortes chaleurs.
Or les prévisions de Météo France pour le trimestre mai-juin-juillet 2021 donnent "des conditions plus sèches que la normale" pour cet été, "un scénario avec une température moyenne sur le trimestre supérieure aux normales devrait dominer sur la majorité de la France".
