BFMTV
Météo

Contre la fonte de l'Antarctique, une étude propose des canons à neige

Photo de la Nasa de la fonte des glaces en Antarctique

Photo de la Nasa de la fonte des glaces en Antarctique - Kate RAMSAYER - NASA - AFP

Cette proposition audacieuse pourrait permettre de limiter la montée des eaux catastrophique en cours, mais aurait des effets "terribles" en Antarctique, préviennent les auteurs de l'étude.

Comment contrer le dégel de l'Antarctique occidental et la hausse du niveau des océans? Pomper l'eau issue de la fonte des glaces pour la rejeter sur la calotte glaciaire grâce à des canons à neige, suggère une étude parue mercredi dans la revue Science Advances. Cette solution a été imaginée par des chercheurs du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK).

7400 milliards de tonnes de neige

"C'est une chose terrible à faire, il n'y a pas de doute à ce sujet, et nous ne suggérons pas de le faire à tout prix", explique Anders Levermann, physicien au PIK et auteur principal de l'étude. "Mais tous les modèles montrent que si nous nous en tenons au réchauffement de 2°C de l'Accord de Paris, nous aurons finalement une hausse de cinq mètres du niveau de la mer, voire plus", a-t-il dit.

Pour stabiliser les glaciers, il faudrait au moins 7400 milliards de tonnes de neige. Anders Levermann insiste sur le fait qu'il ne s'agit que d'une hypothèse et que toute mesure de cette nature devrait s'accompagner d'une réduction radicale des émissions de gaz à effet de serre pour avoir une chance de réussir.

Le système pourrait être alimenté par 12.000 éoliennes et comprendre des centaines de canons à neige pour pulvériser de la poudreuse sur une zone de la taille du Costa Rica. Une telle infrastructure, dont le coût n'est pas chiffré, nécessiterait "quelque chose ressemblant à une station lunaire en Antarctique", a estimé Anders Levermann.

Des conséquences "terribles" sur l'Antarctique

Anders Levermann a admis que le projet du PIK, s'il était réalisable, pourrait avoir des effets "terribles" en Antarctique, mais que cette solution en vaudrait la peine si elle permet de limiter l'élévation du niveau des océans. "Nous ferions de l'Antarctique ouest une zone industrialisée", reconnaît-il, car le projet nécessiterait la mise en place de nombreuses machines, ne serait-ce que pour fabriquer la neige.

De plus, le changement d'état de l'eau, de liquide à neigeux, "libérera de la chaleur", selon l'étude. Et il faudra également réfléchir au dessalement de l'eau "car l'addition de sel à la surface de la calotte glaciaire pourrait avoir des effets graves sur la dynamique des écoulements locaux de la calotte glaciaire". Et une procédure de dessalement de l'eau consommerait "énormément d'énergie".

"Mais si nous déstabilisons (la calotte glaciaire), tout changera de manière dramatique de toute façon", déclare le scientifique.

Des solutions imaginées par le passé pour parer la fonte de l'Antarctique ouest incluaient l'édification de quatre colonnes sous-marines hautes de 300 m pour retenir le glacier ou un mur haut de 50 à 100 m et long de 80 à 120 km.

Des glaciers dangereux pour la montée des eaux

Cette zone de l'Antarctique contient suffisamment d'eau gelée pour faire monter le niveau des océans de la planète d'environ six mètres. Une simple hausse d'un mètre obligerait 190 millions de personnes à partir de chez eux et une augmentation de trois mètres mettrait en péril des mégalopoles comme New York, Shanghai et Tokyo.

Les scientifiques craignent en particulier que les glaciers de Pine Island et de Thwaites - qui renferment assez de glace pour élever le niveau des mers de trois mètres -, aient atteint un point de non retour où ils continueraient à fondre, quels que soient les efforts menés contre les émissions de gaz à effet de serre.

Salomé Vincendon avec AFP