Comment est mesurée la pollution de l'air?

La ville de Marseille sous un nuage de pollution en février 2019 - Boris Horvat - AFP
Une étude de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), publiée ce mardi, alerte sur le carbone suie et de nouvelles particules ultra fines dans l'atmosphère, mauvaises pour la santé. Elles seraient principalement rejetées par les voitures. Pour réaliser ce rapport, l'Anses a passé au crible des études sur les particules de l'air ambiant extérieur. Comment et où ces polluants présents dans notre atmosphère sont-ils mesurés?
Quels polluants sont mesurés?
Les stations de surveillance de pollution de l'air mesurent notamment les "polluants réglementés", c'est à dire les polluants soumis à des valeurs limites par l'Union Européenne, comme l'oxyde d'azote, le monoxyde d'azote, les particules PM 10 et PM 2.5 ou encore le benzopyrène.
Dans un soucis d'information de la population, "on mesure aussi des polluants non réglementés", explique Charlotte Songeur, ingénieure à Airparif (surveillance de l'air en Île-de-France), contactée par BFMTV.com. "Il y a par exemple les pesticides, les allergènes... Ça fait aussi quelques années qu'on mesure le dioxyde de brome".
Airparif fait également des tests pour réussir à évaluer le taux de PUF (Particules Ultra Fines) dans l'air. "Il est très compliqué de les mesurer, car les nanoparticules sont trop fines", pour les appareils actuels, explique l'ingénieure. Un dispositif est actuellement en phase d'expérimentation.
Des stations de mesure réparties partout en France
Des stations de mesures de la pollution de l'air sont éparpillées un peu partout en France, en fonction de ce que les associations de surveillance régionales veulent enregistrer. Dans ces stations, "une pompe aspire l'air par une tête de prélèvement, qui diffère selon les polluants recherchés", explique Emmanuelle Drab-Sommesous, directrice déléguée d'ATMO Grand Est, (surveillance de la qualité de l'air dans le Grand Est), contactée par BFMTV.com.
"Un analyseur mesure ensuite en automatique, toutes les dix secondes, le taux de polluants. Puis la station produit des rapports toutes les 15 minutes", surveillés par les associations, explique Emmanuelle Drab-Sommesous.
En cas de besoin de données particulières, des unités mobiles sont également prévues pour aller faire des mesures dans les lieux sans station.
Les résultats récupérés permettent de mesurer sur une année les taux de polluants par zone, mais aussi de prévoir les niveaux de pollution à venir. Pour cela, les données des taux de polluants sur un lieu sont associées aux prévisions météorologiques, à la topographie locale ou encore à la capacité de dispersion des polluants afin d'établir si un pic de pollution éclatera dans les prochains jours, et de prendre des dispositions en avance.
Comment sont réparties les stations?
La répartition des stations "dépend des problématiques des territoires", explique Emmanuelle Drab-Sommesous.
"Les polluants recherchés dans les zones urbaines ne sont pas les mêmes que ceux recherchés en zone rurale", car toutes les stations ne mesurent pas tous les polluants.
"Les problématiques de la région parisienne sont surtout liées au trafic routier", confirme Charlotte Songeur, et le dioxyde d'azote est mesuré dans de nombreuses stations. Tandis que dans les zones rurales, ce sont les polluants liés à l'agriculture ou l'industrie qui sont plutôt visés.

Une soixantaine de stations sont présentes sur l'Île-de-France, dont une quinzaine dans Paris, selon elle.
"Il y a les stations de fond, loin des sources de pollution, qui mesurent ce que l'on respire au quotidien. Et les stations plus locales, comme près du périphérique par exemple, là où il y a le plus de trafic, pour voir ce que l'on respire sur certaines zones en particulier", continue l'ingénieure d'Airparif.
"Il faut agir tous les jours contre la pollution de l'air" conclut Charlotte Songeur, "la plus dangereuse, ce n'est pas forcément celle des pics de pollution, mais les zones où la pollution est chronique, et où on la respire quotidiennement."