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Canicule: ils veulent donner un nom aux fortes vagues de chaleur, comme pour les tempêtes

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Certains scientifiques demandent que l'on nomme les canicules comme on nomme les tempêtes et les cyclones tropicaux afin de permettre une meilleure prise de conscience du phénomène par le grand public.

La tempête Alex, l'ouragan Katrina... Ces événements climatiques extrêmes ont marqué les esprits. C'est pourquoi certains scientifiques suggèrent de faire comme pour les tempêtes et de nommer les canicules, telle que celle qui touche actuellement l'Hexagone. Une proposition loin d'être anecdotique et qui s'inscrit dans la volonté de mieux prévenir et mieux sensibiliser la population vis-à-vis des vagues de chaleur, lesquelles sont amenées à se multiplier avec le réchauffement climatique.

"Tout comme les tempêtes et cyclones, il serait plus impactant pour les médias de nommer nos vagues de chaleur", suggère sur Twitter Serge Zaka, agroclimatologue et administrateur du site infoclimat.fr, proposant au passage aux internautes de voter entre "Balrog, serpent le feu" ou encore "Sheitan, le diable" pour le nom de la canicule actuelle.

Si le message est posté sur le ton de la boutade, la proposition du scientifique, inspirée au départ par celle de Christophe Cassou, climatologue et chercheur au CNRS, selon Serge Zaka, n'en reste pas moins sérieuse.

"Si je vous dis Katrina, à quoi pensez-vous? Et maintenant si je vous dis la tempête de 2004?", interpelle Serge Zaka à BFMTV.com, en référence à l'ouragan qui avait fait plus de 2000 morts aux États-Unis, et en suggérant que donner un nom aux canicules permet de mieux s'en souvenir.

"Ça imprime beaucoup plus au niveau du grand public", assure-t-il.

Une meilleure prévention

La pratique est bien connue pour les tempêtes, où elle remonte au XVIIIe siècle. Pour Météo-France, nommer ce type de phénomènes, ainsi que les cyclones tropicaux, relève d'abord d'un enjeu de santé publique, puisqu'elle permet d'abord de "communiquer plus efficacement à l'approche d'un phénomène de vent violent".

L'institut de prévisions météorologiques précise que des sondages menés au Royaume-Uni et aux Pays-Bas ont révélé que "la population était beaucoup plus attentive aux consignes de sécurité quand la menace de vent fort est clairement identifiée comme reliée à une tempête nommée".

En plus de permettre une meilleure prévention auprès du grand public, nommer un phénomène climatique inhabituel permet de mieux prendre la mesure de sa gravité, selon Serge Zaka.

"Les personnes prennent (un épisode de canicule) trop à la légère, ils l'associent à une période de bien-être et de beau-temps où on va à la plage", déplore le scientifique.

"Mais ce n'est plus le cas maintenant, c'est un danger pour la santé, pour l'agriculture", souligne-t-il.

Le réchauffement climatique en toile de fond

Nommer les canicules, comme les tempêtes, apparaît aujourd'hui comme une nécessité pour le scientifique aussi au regard d'une situation plus globale.

"Dans le contexte du réchauffement climatique, il faut les nommer car il faut les retenir", assène-t-il.

Pour que cette proposition puisse être effective, il incomberait cependant de fixer des seuils de température et de durée à partir duquel une canicule pourrait adopter un nom. Pas un obstacle pour Serge Zaka. "On a déjà des seuils de vigilance orange par département calculés par Météo-France", estime-t-il.

Juliette Desmonceaux