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Un journaliste ukrainien raconte avoir été enlevé et séquestré par l'armée russe

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Oleg Baturin, journaliste ukrainien, a été séquestré par l'armée russe pendant huit jours. Il raconte à BFMTV sa captivité.

Moscou cible la presse. Après le long récit des derniers journalistes étrangers présents à Marioupol, traqués par les soldats, et le témoignage édifiant d'un fixeur de Radio France, enlevé et torturé par l'armée russe, un autre journaliste raconte avoir été enlevé et battu alors qu'il faisait son travail en Ukraine.

Oleg Baturin, journaliste ukrainien de 43 ans, travaille pour Novy Den, un média local de la région de Kherson. Depuis le 2 mars, il couvre les manifestations quasi-quotidiennes des habitants contre l’occupation russe.

Battu plusieurs fois

Mais le 12 mars, alors qu'il se trouve dans une station-service près de chez lui, plusieurs hommes lui sautent dessus, braquent une arme sur lui, lui bandent les yeux et l’embarquent. Il ne sait pas où il va et ne sait pas pourquoi il a été arrêté, avant que ne commencent les interrogatoires.

"Les premiers interrogatoires ont été très violents. J'ai été battu sur plusieurs parties du corps, notamment au niveau des jambes et des côtes. J'ai également été menacé. Autour de moi, j'entendais des tirs d'armes automatiques, donc j'ai pris ces menaces très au sérieux", raconte Oleg Baturin à BFMTV.

Les Russes veulent notamment les noms des organisateurs des manifestations contre la guerre. Malgré les coups, Oleg Baturin ne dit rien, ne donnant que les noms de personnes déjà à l'abri à l'étranger.

"Ils m'ont dit à plusieurs reprises que c'était parce que j'étais journaliste qu'ils m'avaient arrêté", assure-t-il à BFMTV. "Aujourd'hui en Ukraine, les journalistes sont victimes de violences de la part de l'armée russe. Si on publie quelque chose qui ne va pas dans leur sens, ils peuvent même nous menacer de mort"

"Une expérience terrible"

Pendant les 8 jours de sa détention, son quotidien se résume aux interrogatoires et à la solitude de sa cellule. Il est presque tout le temps menotté et dort sur un lit en métal.

Durant sa détention, Oleg n'a pas pu entrer en contact avec d'autres détenus. Mais il a entendu certains interrogatoires. Dans les cellules voisines, des anciens militaires ukrainiens ayant combattu dans le Donbass en 2014 étaient emprisonnés.

Pendant cette semaine de captivité, j'entendais constamment les tortures qu'ils [les Russes] infligeaient aux militaires ukrainiens. C'est une expérience terrible d'entendre ça.

Le 20 mars, Oleg est libéré, sans savoir pourquoi. "Sans doute pour faire de la place dans les cellules", avance-t-il. Pendant son absence, des manifestations pour sa libération ont été organisées, malgré la terreur que fait régner l'armée russe dans les territoires occupés.

Nelson Getten avec A.G