Ukraine: l'histoire des civils en fuite attaqués et "achevés" par l'armée russe près de Kiev en mars

"Ils étaient six. Cinq d’entre eux sont morts." Le 15 mars 2022, trois semaines après le début de la guerre en Ukraine, des centaines de milliers de civils avaient déjà fui face à l'avancée des forces russes. Comme BFMTV vous le révélait, l'armée russe a plusieurs fois visé délibérément des civils désarmés qui tentaient de gagner l'est de l'Ukraine.
C'est le cas de Valentina (52 ans) et son fils Maxime (14 ans), Tatiana (30 ans) et son fils, Jaroslav (deux ans et demi), ainsi que Valentina, tués par des soldats russes alors qu'ils quittaient la région de Kiev.
Au début de la guerre, ces habitants de Kiev ont décidé de faire comme beaucoup de leurs compatriotes: rejoindre la campagne en périphérie des grandes villes. C'est ce qu'ils ont fait en posant leurs valises dès le 24 février, début de l'invasion russe, à Zdvyzhivka, à 45 kilomètres de la capitale.
"On a pensé que c'était la fin de nos jours"
Mais l'avancée rapide des forces de Poutine change leurs plans, et le 25 février, les Russes prennent le contrôle du village. Les Ukrainiens se cachent alors dans des caves, avant de décider de partir quelques jours plus tard.
"Un premier groupe est parti rapidement. On a réussi à les contacter, et ils nous ont dit qu'ils avaient réussi à passer les contrôles russes. Le lendemain, on a décidé de partir aussi. On manquait d'eau, de nourritures, les enfants avaient peur", raconte Irina Prokorenko, une des survivantes de leur convoi.
Neuf voitures partent donc le lundi 14 mars dans l'après-midi. À la nuit tombée, ils entendent des tirs qui se rapprochent, le convoi décide de s’arrêter à Havronshyna, à seulement 30 km au sud.
Lorsque les voitures repartent le lendemain, "on entend une grosse explosion", explique Irina. "On a pensé que c'était la fin de nos jours."
Un soldat russe "les a tous achevés"
Les voitures sont taguées pour indiquer la présence de civils, des drapeaux blancs sont accrochés aux vitres, mais les soldats russes décident de tirer: les huit premières voitures essuient des tirs. Certains passagers sont blessés, mais parviennent à s'en sortir.
Pas la neuvième voiture, qui comptait à son bord Valentina, Tatiana, Jaroslav, Maxime et Valentina. "Derrière eux, il y avait un char [russe]. (...) Il y en a un qui était assis en haut et qui les a tous achevés", raconte un témoin de la scène.
Depuis, le village de Zdvyzhivka a été libéré. Le père de Jaroslav, qui n'avait pas pu monter dans la voiture pleine et où priorité avait été donnée aux femmes et aux enfants, est désormais le seul survivant de sa famille.