Pourquoi la Catalogne s'embrase depuis près d'une semaine

Des barricades enflammées à Barcelone, le 17 octobre 2019. (Photo d'illustration) - LLUIS GENE / AFP
Barricades enflammées, cocktails molotov et affrontement avec les forces de l'ordre: depuis lundi, la Catalogne est le théâtre d'une violente contestation de la part des militants indépendantistes. Un appel à la "grève générale" a été lancé pour ce vendredi, avec des "marches de la liberté" parties de toute la région et qui doivent converger à Barcelone à 15 heures pour une grande manifestation. Des images publiées ce vendredi sur Twitter montrent l'ampleur de la mobilisation, et de la foule se dirigeant vers la capitale catalane.
Retour en cinq actes sur cette mobilisation qui marque un tournant dans le mouvement séparatiste catalan.
• Acte 1: condamnation de 12 indépendantistes catalans
Lundi, neuf indépendantistes catalans sont condamnés à des peines allant de 9 à 13 ans de prison pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017. Trois autres anciens membres du gouvernement catalan sont également condamnés à des amendes pour désobéissance.
Le même jour, la justice espagnole lance un nouveau mandat d'arrêt international contre l'ancien président régional catalan Carles Puigdemont. Principal acteur de la tentative manquée de 2017, il se trouve actuellement à Bruxelles, en Belgique.
• Acte 2: l'offensive des militants catalans
À Barcelone, Tarragone ou Leida, des milliers de personnes descendent dans la rue pour réclamer la "liberté pour les prisonniers politiques". Ils avaient anticipé depuis plusieurs semaines leurs réponses aux condamnations, notamment à travers une plateforme baptisée "Tsunami démocratique", pour organiser les manifestations.
Dans toute la région, des militants coupent des routes, des voies de chemin de fer et l'aéroport de Barcelone. Des grèves d'étudiants et des marches de protestation sont actées pour toute la semaine, tandis que les blocages se poursuivent. Des heurts explosent entre manifestants et force de l'ordre, notamment dans les rues de la capitale catalane.
• Acte 3: l'infiltration de militants radicaux
À partir de mercredi, des centaines de jeunes militants en vêtements sombres, masqués et portant des casques de moto se greffent aux mouvements catalans, qui se présente comme pacifique.
Ils dressent et mettent le feu à des barricades, incendient des voitures et lancent des pierres et des bouteilles sur la police anti-émeutes. Pour la première fois, les Mossos d'Esquadra, la police régionale, signalent des jets de cocktails molotov et d'acide. Des manifestants tentent sans succès de tirer des feux d'artifice contre un hélicoptère de la police.
Ces scènes de guérilla urbaine poussent le président catalan Quim Torra a prendre la parole mercredi pour condamner ces violences, qu'il attribue à "un groupe d'infiltrés et de provocateurs".
• Acte 4: la faible contre-attaque du gouvernement
Dès mardi, le gouvernement espagnol dénonce la "violence généralisée" des manifestation et organise sa contre-attaque.
"Une minorité veut imposer la violence dans les rues des villes catalanes, particulièrement à Barcelone, Tarragone, Gérone et Lérida. La violence de ce soir a été généralisée dans toutes les manifestations", déclare alors le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez.
Après avoir convoqué mardi les chefs des principaux partis espagnols pour les consulter sur la réponse à donner, il refuse de prendre des mesures de sécurité exceptionnelles, réclamées par l'opposition de droite.
• Acte 5: vers une issue dans les urnes ?
Si l'origine de la grogne est liée au référendum sur l'autodétermination de la région d'octobre 2017, la crise pourrait bien passer par un retour aux urnes. Ce jeudi, le président de la région catalane, Quim Torra, a proposé un nouveau vote sur l'indépendance.
"Si, pour avoir installé des urnes, ils nous condamnent à cent ans de prison (somme des peines contre les neufs ex-dirigeants, ndlr), la réponse est claire: il faudra ressortir les urnes pour l'autodétermination", a déclaré Quim Torra devant le parlement régional.
A l'heure actuelle, le gouvernement de Madrid ne semble que très peu disposé à la tenue d'un tel scrutin.