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Plus de 2.200 personnes sont mortes ou disparues en traversant la Méditerranée en 2024

Des migrants dans un canot en Mer Méditerranée.

Des migrants dans un canot en Mer Méditerranée. - Andreas Solaro - AFP

Plus de 2.200 personnes sont mortes en 2024 en tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l'Europe, dont "des centaines d'enfants" selon l'ONU.

Un triste bilan. Le nombre de morts et de disparus en tentant de traverser la Méditerranée en 2024 a dépassé les 2.200, a affirmé ce mercredi 1er janvier dans un communiqué la directrice régionale de l’Unicef pour l’Europe et l’Asie centrale, Regina De Dominicis.

Près de 1.700 vies ont été perdues "sur la seule route de la Méditerranée centrale" entre la Libye et l'Italie, considérée comme la route migratoire la plus meurtrière au monde.

"Ce chiffre comprend des centaines d’enfants, qui représentent une personne sur cinq migrants à travers la Méditerranée. La majorité d’entre eux fuient les conflits violents et la pauvreté", a-t-elle déclaré.

"La seule survivante était une fillette de 11 ans"

Ce communiqué a été écrit après un naufrage au large de l'île de Lampedusa en Italie le mardi 31 janvier, seulement quelques heures avant le passage en 2025. Mardi soir, vingt personnes étaient alors portées disparues, dont cinq femmes et trois enfants, selon l'agence italienne Ansa. Sept personnes avaient été secourues.

"Cette tragédie survient quelques semaines seulement après un autre incident mortel au large de l'île, dont la seule survivante était une fillette de 11 ans", rappelle Regina De Dominicis.

Avec la Libye, la Tunisie dont le littoral se trouve en certains endroits à moins de 150 kilomètres de l'île italienne de Lampedusa, est devenue ces dernières années le principal point de départ en Afrique du Nord des migrants cherchant à gagner l'Europe. Le 31 décembre, les autorités tunisiennes avaient annoncé la mort de deux de leurs ressortissants incluant un enfant de cinq ans, et le sauvetage de 17 autres au nord du pays, après une panne sur leur embarcation de fortune.

La route qui mène à l'Espagne détient aussi un triste record. En 2024, plus de 10.400 migrants ont perdu la vie ou ont disparu en mer en essayant de gagner ce pays, selon un récent rapport de l'ONG espagnole Caminando Fronteras, qui décrivait cette année comme "la plus meurtrière" depuis que l'organisation publie ces estimations.

Le nombre de décès serait ainsi de 58% supérieur à celui enregistré l'année dernière par l'ONG, qui recensait alors 6.618 migrants morts ou disparus sur les routes migratoires vers l'Espagne.

Au moins quatre bateaux ont chaviré en Méditerranée centrale depuis mardi

Le début de l'année 2025 est loin d'échapper à ces drames. Au moins quatre bateaux ont chaviré en Méditerranée centrale depuis mardi, selon Alarm Phone, une organisation qui gère une ligne d'assistance téléphonique pour les personnes en détresse en mer, rapporte le média britannique The Guardian.

Ce mercredi 1er janvier, au moins 27 migrants, dont un bébé, provenant d'Afrique subsaharienne sont morts et 83 autres ont été secourus au large des côtes de Tunisie après le naufrage de deux embarcations qui tentaient de rallier clandestinement l'Europe, ont annoncé les autorités locales.

Sous l'impulsion de l'Italie, l'Union européenne a conclu en juillet 2023 un "Partenariat" avec la Tunisie prévoyant une aide budgétaire de 150 millions d'euros et l'octroi de 105 millions d'euros pour aider le pays à lutter contre l'immigration irrégulière.

Ces aides, couplées à la sévère politique migratoire du gouvernement de Giorgia Meloni, ont débouché sur une hausse des interceptions de bateaux clandestins en 2024.

Selon l'agence italienne Nova, les débarquements sur les côtes italiennes ont chuté de 60% sur un an. En 2024, les migrants sont partis davantage de Libye (41.425 migrants) que de Tunisie (19.246 personnes, un chiffre en baisse de 80% sur un an), les autres arrivant de Turquie ou d'Algérie, selon Nova.

L'Unicef appelle dans son communiqué les gouvernements "à utiliser le Pacte sur la migration et l’asile pour donner la priorité à la protection des enfants".

"Les gouvernements doivent s’attaquer aux causes profondes de la migration et soutenir l’intégration des familles dans les communautés d’accueil, en veillant à ce que les droits des enfants soient protégés à chaque étape de leur voyage", est-il demandé dans le communiqué.

Juliette Brossault