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Obama plaide pour un rapprochement entre Etats-Unis et musulmans

Dans la veine de son discours fondateur du Caire, Barack Obama a profité mercredi de son séjour en Indonésie, premier Etat musulman de la planète, pour affirmer lors d'un discours devant des milliers de personnes à Djakarta que l'Amérique n'est pas et ne

Dans la veine de son discours fondateur du Caire, Barack Obama a profité mercredi de son séjour en Indonésie, premier Etat musulman de la planète, pour affirmer lors d'un discours devant des milliers de personnes à Djakarta que l'Amérique n'est pas et ne - -

par Olivia Rondonuwu et Sunanda Creagh DJAKARTA (Reuters) - Dans la veine de son discours fondateur du Caire, Barack Obama a profité mercredi de son...

par Olivia Rondonuwu et Sunanda Creagh

DJAKARTA (Reuters) - Dans la veine de son discours fondateur du Caire, Barack Obama a profité mercredi de son séjour en Indonésie, premier Etat musulman de la planète, pour affirmer que l'Amérique n'est pas et ne sera jamais en guerre avec l'islam.

Le président américain, lors d'une visite éclair dans un pays où il a passé une partie de son enfance, a néanmoins reconnu qu'il était ardu d'effacer "des années de méfiance".

"Les relations entre les Etats-Unis et les communautés musulmanes se sont effilochées au fil de nombreuses années (...) Je me suis fixé pour priorité de s'employer à améliorer ces relations", a-t-il dit devant une audience de milliers de personnes à Djakarta.

Il a ajouté: "Je dis très clairement que l'Amérique n'est pas, et ne sera jamais en guerre avec l'islam. Nous devons plutôt tous infliger une défaite à Al Qaïda et à ses affiliés, qui n'ont aucune légitimité à prétendre diriger une quelconque religion - en tout cas, certainement pas une grande religion, à l'échelle du monde, comme l'islam".

Dans un discours très attendu, le président américain a évoqué avec tendresse les quatre années passées durant son enfance dans le pays musulman le plus peuplé au monde. Il a loué l'exemple indonésien. "Vos succès montrent que la démocratie et le développement se renforcent l'un l'autre", a-t-il dit.

"L'Indonésie fait partie de moi", a déclaré Barack Obama pour sa dernière intervention en Indonésie, pays qu'il devait quitter un peu plus tard pour rallier la Corée du Sud, où il participera à partir de jeudi au sommet du G20.

CONFIANCE ERODÉE

Ce discours faisait écho à celui prononcé il y a 17 mois au Caire, où il avait souhaité un "nouveau départ" dans les relations entre les Etats-Unis et le monde musulman, après des années de tensions consécutives aux attentats du 11-Septembre revendiqués par Al Qaïda et les guerres lancées en Irak et en Afghanistan par son prédécesseur, George W. Bush.

Depuis le discours du Caire, censé être un acte fondateur d'un apaisement, l'irritation est restée palpable dans les deux camps. Al Qaïda continue d'attaquer et de menacer les Occidentaux, le processus de paix israélo-palestinien n'a que peu avancé et les troupes américaines sont toujours déployées en Irak et en Afghanistan.

Il en résulte que la confiance en Barack Obama a reculé dans les pays musulmans, où son élection il y a deux ans avait été bien accueillie.

"Durant les 17 mois qui viennent de passer, nous avons fait des progrès, mais il reste encore beaucoup de travail à faire", a reconnu le président américain mercredi.

"Un simple discours ne peut effacer des années de méfiance", a-t-il ajouté, et de promettre: "Peu importe les revers qui peuvent venir, les Etats-Unis militent pour le progrès humain. C'est ce que nous sommes. C'est ce que nous faisons. C'est ce que nous ferons."

Les oulémas indonésiens ont réagi de façon mitigée à ce discours, expliquant que les musulmans jugeraient Barack Obama par ses actes, pas ses promesses.

"Ce que nous souhaitons, c'est que ses paroles soient suivies d'actes véritables", a déclaré Cholil Ridwa, président du Conseil des oulémas, la plus haute instance musulmane du pays. "Mais souvent, il n'existe pas de corrélation totale entre ses propos et ses actes".

VISITE ÉCOURTÉE POUR CAUSE DE VOLCAN

Barack Obama était très attendu en Indonésie, où il devait se rendre en mars puis en juin, mais avait dû annuler ces visites pour livrer des batailles domestiques sur la réforme du système de santé puis contre la marée noire dans le golfe du Mexique.

Bien qu'enfin venu à Djakarta, il a dû écourter son passage en Indonésie en raison de la menace présentée par les fumées dégagées par le volcan Merapi, qui risquaient de l'empêcher de partir pour la Corée du Sud.

Son programme resserré lui a néanmoins laissé assez de temps pour ce discours à l'université d'Indonésie et pour se rendre à la mosquée Istiqlal de la capitale, une des plus grandes au monde et la plus vaste d'Asie du Sud-Est.

Il s'y est présenté pieds nus, tandis que son épouse Michelle Obama était coiffée d'un foulard beige, symbole des efforts du couple pour manifester son respect envers les traditions de l'islam.

Grégory Blachier et Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser