Obama en tournée asiatique après sa réélection

Barack Obama aux côtés du Premier ministre thaïlandais Yingluck Shinawatra, à Bangkok. Moins de deux semaines après sa réélection, le président américain a entamé dimanche à Bangkok une tournée asiatique destinée à concrétiser la réorientation vers l'Est - -
par Matt Spetalnick et Jeff Mason
BANGKOK (Reuters) - Moins de deux semaines après sa réélection, Barack Obama a entamé dimanche par une étape en Thaïlande une tournée asiatique de trois jours illustrant sa volonté de réorienter la stratégie des Etats-Unis vers la région Asie-Pacifique.
Après la Thaïlande, le président des Etats-Unis doit effectuer une visite historique en Birmanie avant de prendre la direction du Cambodge, où il doit assister au sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN).
Le choix de l'Asie pour cette première tournée depuis sa réélection s'inscrit dans le cadre de la stratégie du "pivot" mise en oeuvre notamment pour concurrencer l'influence grandissante de la Chine.
L'attention du président risque toutefois d'être accaparée par les affrontements israélo-palestiniens dans la bande de Gaza et les négociations en cours aux Etats-Unis pour éviter le "mur budgétaire".
"Nous travaillons à ce budget. Nous allons avoir besoin de nombreuses prières pour cela", a-t-il déclaré au moine bouddhiste qui lui faisait visiter le temple du Wat Po, à Bangkok, en compagnie de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.
Il s'est ensuite rendu au chevet du roi Bhumibol Adulyadej, qui poursuit à l'hôpital une convalescence entamée en septembre 2009. Le souverain est âgé de 84 ans.
"LA BONNE DIRECTION"
"J'ai jugé très important que mon premier déplacement après l'élection se fasse en Thaïlande, qui est un si grand allié", lui a dit Barack Obama, qui, après une jeunesse passée en partie en Indonésie, se définit lui-même comme le premier "président Pacifique" des Etats-Unis.
Il s'est ensuite rendu au siège du gouvernement où il a passé les troupes en revue à la tombée de la nuit. Il s'est entretenu avec le Premier ministre, Yingluck Shinawatra.
Lors d'une conférence de presse commune, cette dernière a annoncé que la Thaïlande allait participer aux discussions lancées par les Etats-Unis avec plusieurs pays des rives du Pacifique sur la conclusion d'un vaste accord commercial, baptisé Partenariat trans-Pacifique (TPP).
En Birmanie, où il est attendu lundi, il s'agira de la première visite d'un président américain en exercice.
Ce déplacement, jugé prématuré par les mouvements de défense des droits de l'homme, vise à encourager et à appuyer les réformes entreprises par l'administration civile du président Thein Sein, toujours dominée par l'armée.
Barack Obama a souligné dimanche que cette visite en Birmanie ne devait pas être interprétée comme une reconnaissance du régime civil birman, à qui la junte militaire a cédé le pouvoir en mars 2011.
"Nous savons qu'il s'agit d'un processus en cours", a-t-il dit.
"Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que les Etats-Unis devraient se tenir à l'écart et ne pas se salir les mains lorsque l'occasion nous est offerte d'encourager une impulsion positive à l'intérieur d'un pays", a-t-il cependant ajouté.
Les Etats-Unis, qui ont assoupli vendredi leur boycott des biens produits en Birmanie, cherchent notamment à amener le nouveau gouvernement à prendre ses distances avec la Corée du Nord.
"Sur ce dossier, ils (les Birmans) vont dans la bonne direction mais nous aimerions qu'ils fassent encore plus et qu'ils rompent leurs relations militaires avec les Nord-Coréens", a déclaré samedi Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison blanche.
Barack Obama rencontrera Thein Sein mais aussi Aung San Suu Kyi, chef de file de l'opposition.
Le locataire de la Maison blanche sera de retour aux Etats-Unis mercredi.
Jean-Philippe Lefief et Bertrand Boucey pour le service français