Neige, températures négatives... Après les séismes en Turquie et Syrie, les secours face au défi du froid

Des rescapés du séisme se réchauffent auprès d'un feu. - Ozan Kose
La course contre la montre et le froid s'est poursuivie toute la nuit de lundi à mardi en Turquie et dans le nord de la Syrie pour extirper des survivants des violents séismes qui ont ravagé la région lundi, laissant plusieurs milliers de morts.
Selon le dernier bilan officiel - qui risque de s'alourdir - près de vingt heures après la première des trois secousses, d'une magnitude de 7,8 ressentie jusqu'au Liban, à Chypre et dans le nord de l'Irak, plus de 5000 personnes ont trouvé la mort dont 3419 en Turquie selon l'organisme public de gestion des catastrophes (Afad), et plus de 1500 en Syrie.
Dans le froid et à mains nues
Pour sauver des vies, les secours dépêchés sur place doivent aussi lutter contre le froid, sous la pluie battante ou la neige, parfois à mains nues. Le mauvais temps qui plane sur l'Anatolie complique la tâche des secours et rend le sort des rescapés plus amer encore, grelottant sous des tentes ou autour de braseros improvisés.
L'aide internationale à la Turquie doit commencer à arriver ce mardi avec les premières équipes de secouristes, de France et du Qatar notamment. Le président américain Joe Biden a promis à son homologue Recep Tayyip Erdogan "toute l'aide nécessaire, quelle qu'elle soit".
Les Français envisageaient de se rendre en particulier à Kahramanmaras, épicentre du premier séisme, région difficile d'accès et profondément meurtrie, également ensevelie sous la neige. Deux détachements américains de 79 secouristes chacun se préparaient lundi à se rendre sur place, selon la Maison Blanche. Selon le président turc, 45 pays ont proposé leur aide.
Faire vite malgré les conditions
Lundi, David Annotel, représentant de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, a expliqué sur BFMTV le besoin de cette solidarité internationale, et la nécessité d'un déploirement rapide des secouristes sur place par les conditions météorologiques.
"Chaque minute chaque heure commencent à compter, la météo est particulièrement défavorable dans cette période hivernale. Il est important que les services de secours étrangers en renfort puissent être rapidement sur place", a-t-il fait valoir.
Patrick Coulombel, cofondateur de la fondation Architectes de l'urgence a rendu ce tableau plus saisissant encore. "La priorité absolue c'est d'essayer de récupérer les gens qui sont sous les décombres" mais "les conditions de températures qu’il y a sur place ne sont quand même pas très bonnes", a-t-il insisté sur BFMTV, avant d'illustrer:
"On est en plein hiver, il fait quelques degrés voire la nuit il fait -2, -3, -4 degrés. C'est quelque chose qui va être extrêmement compliqué".
La survie des gens bloqués sous les débris "va être très précaire si on n'intervient pas vite", a souligné Patrick Colombel.
Et l'intervention est plus problématique encore en Syrie, déchirée de plus par la guerre. L'appel lancé par les autorités de Damas a été surtout entendu par son allié russe, promettant des équipes de secours "dans les prochaines heures", alors que selon l'armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider les secours.
L'ONU a également réagi, mais en insistant que l'aide fournie irait "à tous les Syriens sur tout le territoire", dont une partie n'est pas sous le contrôle du pouvoir de Bachar al-Assad.
Le froid va perdurer
Les bilans de part et d'autre de la frontière n'ont cessé de s'alourdir et compte tenu de l'amplitude des dégâts ils devraient augmenter au fur et à mesure des recherches. Rien qu'en Turquie, les autorités ont dénombré près de 5000 immeubles effondrés. Et la chute radicale des températures fait courir un risque supplémentaire d'hypothermie aux blessés, coincés dans les ruines.
D'autant que le redoux n'est pas pour tout de suite. Dans la région d'Idlib, la province syrienne touchée par le tremblement de terre, le thermomètre ne dépassera pas les 5°C en journée ce mardi, et descendra plutôt à 2°C la nuit prochaine. Mercredi et jeudi, les tendances se détérioreront encore, avec respectivement 1°C et 0 à -1°C... en journée. Les nuits seront toutefois moins froides, regagnant quelques degrés.
Côté turc, le froid demeurera mordant auprès de l'épicentre du séisme, autour de Kahramanmaras. La ville s'est réveillée sous 2°C ce mardi matin, et des températures s'établissant à 0°C ont été relevées. Dans Pazarcik et ses environs, les températures nocturnes pourront descendre à -3°C la nuit prochaine. Ce ne sera rien par rapport à mercredi: -1°C en journée à Kahramanmaras, et même -7°C à Pazarcik, où il fera encore -5°C la nuit.
L'Organisation mondiale de la santé a dit elle-même s'attendre au pire, redoutant "des bilans huit fois plus élevés que les nombres initiaux". Pas seulement en raison des températures cependant mais aussi des nouvelles secousses. Dans la journée de lundi, pas moins de 185 répliques ont ainsi été enregistrées, consécutives aux deux premières secousses. Et plusieurs répliques ont encore été enregistrées dans la nuit, mardi avant l'aube.
