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Turquie

Turquie: Amnesty dénonce le manque de recours face aux purges 

Le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan

Le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan - ADEM ALTAN / AFP

Jeudi, Amnesty International a dénoncé dans un rapport le manque de recours des personnes limogées dans le cadre des purges en Turquie.

L'ONG Amnesty International a dénoncé dans un rapport publié jeudi le manque de recours dont disposent les personnes limogées dans le cadre des purges menées en Turquie après le coup d'Etat manqué de juillet 2016.

130.000 personnes limogées

Environ 130.000 personnes ont été limogées au cours des deux années d'état d'urgence, instauré en juillet 2016 et levé en juillet 2018, selon Amnesty. Parmi elles, seules un peu plus de 6.000 ont été réintégrées.

Les autorités affirment que ces purges étaient nécessaires pour "nettoyer" les institutions et écarter tout risque de sédition, mais des ONG et l'opposition dénoncent une manoeuvre visant à faire taire les opposants au président Recep Tayyip Erdogan.

Les autorités ont imputé la tentative de coup d'Etat au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis et qui nie toute implication. Outre les gulénistes présumés, les purges ont visé les milieux pro-kurdes et de nombreux médias.

Commission de recours

En janvier 2017, les autorités ont mis sur pied une commission de recours permettant aux personnes limogées de faire appel. Mais, selon Amnesty, ladite commission "est inadaptée aux besoins", notamment en raison de son "manque d'indépendance" et ne sert qu'à "entériner" les décisions du gouvernement.

"Le renvoi arbitraire de ces employés du service public et l'absence de processus d'appel efficace est l'une des pires violations des droits de l'homme de la période de l'état d'urgence", affirme le rapport.

Lors de leur limogeage par décret-loi, les personnes concernées ne sont pas informées des raisons exactes de leur renvoi, si ce n'est une vague formule portant sur des liens avec des "organisations terroristes".

Le caractère vague de ces allégations les rend difficiles à réfuter par les personnes concernées, selon Amnesty.

Les personnes limogées "vivent dans l'incertitude en l'absence d'un recours effectif. Au lieu de leur fournir un mécanisme pour obtenir justice, la Commission n'a fait que remuer le couteau dans leurs plaies", estime Andrew Gardner directeur des recherches et de la stratégie sur la Turquie à Amnesty International. 
B.L. avec AFP