"On ne s'y attendait pas": pourquoi les séismes en Turquie et en Syrie ont surpris des experts

Vue aérienne de résidents à la recherche de victimes à Harim, en Syrie, après qu'un séisme a frappé la Turquie et la Syrie, le 6 février 2023 - Omar HAJ KADOUR / AFP
Le séisme a surpris les experts. Un tremblement de terre en Turquie et en Syrie de magnitude 7,8 a fait au moins 2000 morts ce lundi, avant d'être suivi par une réplique de magnitude 7,5, presqu'aussi intense que la première. Un fait rare.
Le premier séisme, survenu dans la nuit de dimanche à lundi, a eu lieu au niveau de la faille est-anatolienne, à l'est de la Turquie, où se rencontrent deux plaques tectoniques.
Il s'agit d'une "frontière tectonique majeure entre l’Anatolie et l’Europe", explique le CNRS sur son site. "Leurs mouvements relatifs, de l’ordre de 2 cm par an actuellement, y provoque régulièrement des séismes dévastateurs", indique le centre de recherches.
Un "séisme majeur pour la région"
Si la survenue d'un séisme dans cette zone n'est donc pas étonnante, son intensité, située à 7,8 sur l'échelle de Richter, est en revanche peu fréquente dans cette région.
"Le séisme de cette nuit a, de part sa magnitude, surpris la communauté sismologique", affirme auprès de BFMTV Martin Vallée, sismologue à l'Institut de physique du globe de Paris.
Le sismologue Jérôme Vergne abonde: il s'agit d'un "séisme majeur pour la région". Cette zone "n'avait pas rompu avec un séisme de cette magnitude depuis le 12e siècle, même si on avait eu des séismes importants au 18e et au 19e siècles", développe-t-il auprès de BFMTV.
Le séisme n'est pas d'une profondeur importante, seulement une quinzaine de kilomètres, mais ce n'est pas a priori une bonne nouvelle pour le spécialiste. "Du fait que ce foyer est relativement proche de la surface, les accélérations et mouvements du sol sont encore plus importants", estime-t-il.
Une seconde secousse presqu'aussi forte
Au premier séisme s'en sont suivies de nombreuses répliques, dont une secousse de magnitude 7,5, survenue ce lundi en fin de matinée. "C'est un scénario auquel on ne s'attendait pas", assure à BFMTV Martin Vallée, sismologue à l'Institut de physique du globe de Paris.
Le spécialiste indique qu'un séisme a "presque toujours des répliques", mais qu'une seconde secousse presqu'aussi intense que la première est peu fréquente.
"Cela arrive très rarement dans ce contexte où le séisme lui-même était déjà très fort", indique-t-il.
"On aurait pu penser que (le premier) séisme de part sa magnitude libère toutes les contraintes qui avaient été accumulées dans la terre", développe-t-il.
Désormais, le sismologue se dit inquiet, alors que le premier tremblement de terre a déjà fait plus de 2000 morts selon un bilan provisoire. "De par sa taille, il y a d'autres dégâts à attendre de ce second séisme", prévient-il.
D'autant que d'autres secousses peuvent encore survenir. "On peut espérer qu'elles décroissent en magnitude", escompte-t-il.