BFMTV
Turquie

Ankara: 95 morts dans le pire attentat de l'histoire de la Turquie

placeholder video
Quatre-vingt-quinze personnes ont été tuées ce samedi à Ankara, la capitale turque, dans deux explosions survenues près de la principale gare de la ville, avant un rassemblement de l'opposition turque en faveur de la paix. Pour le gouvernement turc, il s'agit d'une attaque "terroriste".

L'attentat est le plus meurtrier qu'ait connu la Turquie. Au moins 95 personnes, selon un nouveau bilan communiqué par les services du Premier ministre turc Ahmet Davutoglu en fin de soirée, ont été tuées samedi matin à Ankara dans un double attentat visant une manifestation pour la paix organisée par l'opposition pro-kurde, à trois semaines des élections législatives anticipées.

L'attentat n'avait pas été revendiqué en fin d'après-midi ce samedi, mais le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a pointé du doigt trois mouvements susceptibles, selon lui, d'en être l'auteur: le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Daesh, et le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) d'extrême gauche.

Double explosion

A 10h04 locales (07h04 GMT), deux fortes explosions ont secoué les alentours de la gare centrale d'Ankara, où des milliers de militants venus de toute la Turquie à l'appel de plusieurs syndicats, d'ONG et partis de gauche se rassemblaient pour dénoncer la reprise du conflit entre Ankara et les rebelles kurdes.

Cette double déflagration a transformé l'esplanade en scène de guerre, avec de nombreux corps sans vie jonchant le sol au milieu de bannières "Travail, paix et démocratie", et provoqué la panique dans la foule. Selon le ministre de la Santé Mehmet Müezzinoglu, 62 personnes sont mortes sur les lieux du drame et 24 ont succombé à leurs blessures à l'hôpital. L'attentat a également fait 246 blessés, dont 48 se trouvent toujours en soins intensifs dans un hôpital d'Ankara.

Le moment de l'explosion a été filmé par un amateur, et cette vidéo, impressionnante, a été relayée toute la journée sur les réseaux sociaux:

Avant un rassemblement en faveur de la paix

Un rassemblement en faveur de la paix était prévu dans l'après-midi sur le site de l'explosion, à l'appel de plusieurs syndicats et partis politiques de gauche dont le principal parti prokurde du pays, le Parti démocratique des peuples (HDP).

"On a entendu une grosse et une petite explosion et il y a eu un gros mouvement de panique, ensuite nous avons vu des corps qui jonchaient l'esplanade de la gare", a déclaré Ahmet Onen, un retraité de 52 ans qui quittait les lieux avec sa femme. "Une manifestation destinée à promouvoir la paix a été transformée en massacre, je ne comprends pas", a-t-il ajouté.

"Attaque haineuse"

Le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a dénoncé une "attaque haineuse contre notre unité et la paix de notre pays" et promis "la réponse la plus forte" contre ses auteurs. Son Premier ministre Ahmet Davutoglu a lui affirmé détenir de "fortes preuves" que l'attentat avait été commis par deux kamikazes qui se sont fait exploser au milieu de la foule. Il a annoncé trois jours de deuil national.

Le président français François Hollande a condamné dans un communiqué "l'odieux attentat terroriste" et a adressé "toutes ses condoléances au peuple turc". La Maison Blanche a dénoncé par la voix du porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) Ned Price un attentat "horrible" et promis le soutien des Etats-Unis dans la lutte contre le "fléau du terrorisme".

L'Union européenne, par la voix de la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a appelé la Turquie à "rester unie". Ces explosions interviennent à trois semaines des élections législatives anticipées du 1er novembre, alors que les affrontements font rage entre les forces de sécurité turques et le PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays.

Violents affrontements

Dans la foulée de la double explosion, de violents affrontements ont repris entre l'armée turque et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), faisant voler en éclat un fragile cessez-le-feu qui tenait depuis mars 2013.

Cette double explosion d'Ankara intervient près de trois mois après un attentat suicide perpétré le 20 juillet à Suruç, près de la frontière syrienne, attribué à Daesh, qui avait fait 33 morts parmi des militants de la cause pro-kurde.

D. N. et A. S. avec AFP