Turquie: après la liesse, les manifestants ne désarment pas

Des manifestants à Istanbul, vendredi, face aux forces de l'ordres. - -
Des centaines de manifestants turcs occupaient dimanche la place Taksim d'Istanbul, désertée par la police après deux jours de violents affrontements, et étaient déterminés à poursuivre leur confrontation avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Quelques heures seulement après qu'ils ont fait plier les autorités, de nouveaux incidents ont opposé dans la nuit de samedi à dimanche les forces de l'ordre à des manifestants qui marchaient sur les bureaux du chef du gouvernement, tant à Ankara qu'à Istanbul.
Dans la capitale turque, la police a dispersé par des jets de grenades lacrymogènes et des canons à eau une foule de plusieurs milliers de personnes qui chantait des slogans hostiles au chef du gouvernement, a rapporté l'agence de presse Anatolie. Les manifestants ont fait de nombreux dégâts.
Ces échauffourées ont fait 56 blessés parmi les forces de l'ordre et plusieurs manifestants ont été interpellés, selon Anatolie. Le syndicat des médecins d'Ankara a pour sa part indiqué que 414 civils avaient été blessés samedi dans les incidents survenus dans la capitale, dont six souffrant de traumatismes crâniens graves. Des incidents similaires se sont produits autour des bureaux stambouliotes du Premier ministre.
La France appelle les autorités turques à la retenue
Les pays alliés occidentaux dont la France ont appelé le gouvernement turc à la retenue, et des centaines de personnes ont manifesté samedi soir à New York pour exprimer leur soutien aux protestaires en Turquie. "La position de la France est de demander aux autorités qu'elles fassent preuve de retenue et qu'on aille vers l'apaisement", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius dimanche matin.
Signe de la volonté des manifestants de continuer à défier Erdogan, des barricades restaient dressées dans toutes les rues menant à la place Taksim, faites de mobilier urbain, de voitures renversées ou même de bus municipaux, stigmates de deux jours d'affrontements avec la police et d'une nuit de liesse. Au pied de ces barricades recouvertes de slogans comme "hukumet istifa" ("Gouvernement démission"), des grappes de manifestants se préparaient à en découdre à nouveau. "Tous les Turcs bouillent depuis dix ou onze ans", confie Hallit Aral, "aujourd'hui, tout le monde veut que le Premier ministre s'en aille".
Confronté à l'un des plus importants mouvements de contestation populaire depuis l'arrivée de son parti islamo-conservateur au pouvoir en 2002, Recep Tayyip Erdogan a été contraint de lâcher du lest samedi en ordonnant à la police de se retirer de Taksim et du petit parc Gezi, dont la destruction annoncée a lancé la révolte.
Le mouvement est parti vendredi à l'aube avec l'intervention musclée de la police pour déloger quelques centaines de militants qui occupaient depuis trois jours le parc Gezi, sur la place Taksim, pour y empêcher le déracinement de 600 arbres dans le cadre d'un projet d'aménagement urbain très contesté. Ameutés par les réseaux sociaux, les militants associatifs ont afflué pour prêter main forte aux manifestants et surtout dénoncer la politique du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002.
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