Syrie: Fabius confirme l'utilisation de gaz sarin

Un rebelle syrien portant un masque à gaz sur le front de Jobar, quartier aux portes de Damas - -
La France a "la certitude que le gaz sarin a été utilisé en Syrie à plusieurs reprises et de façon localisée", a affirmé mardi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, sans donner plus d'indications permettant une localisation. Pour autant, "il ne fait aucun doute que c’est le régime et ses complices" qui l'ont utilisé, a-t-il précisé au 20 heures de France 2.
"Nous demandons que les Nations unies fassent leur travail et puissent entrer en Syrie", a dit Laurent Fabius avant de tempérer, "il faut réagir mais il ne faut pas bloquer la préparation de la conférence" de Genève 2, prévue au mois de juin en Suisse, à l'initiative des Etats-Unis et la Russie, et à laquelle une délégation syrienne doit participer malgré des difficultés à trouver un terrain d'entente protocolaire.
"Toutes les options sont sur la table", affirme néanmoins le ministre français.
Des analyses réalisées par un laboratoire français
Les analyses effectuées par un laboratoire français sur des échantillons en possession de Paris "démontrent la présence de sarin" et "la France a désormais la certitude que le gaz sarin a été utilisé en Syrie à plusieurs reprises et de façon localisée". "Il serait inacceptable que les coupables de ces crimes puissent bénéficier de l’impunité", avait déclaré plus tôt Laurent Fabius par le biais d'un communiqué.
Selon une source diplomatique, les échantillons proviennent de Jobar, dans la banlieue de Damas, où deux envoyés spéciaux du journal Le Monde ont été témoins mi-avril de l'utilisation de gaz toxiques et ont rapporté des échantillons aux autorités françaises, et de Saraqeb, au sud de Homs (centre), où une attaque a été signalée fin avril.
Laurent Fabius précise qu'il a remis les résultats des analyses mardi matin au professeur Ake Sellström, chef de la mission d'enquête mise en place par le Secrétaire général des Nations unies et chargée d'établir les faits sur les allégations d'emplois d'armes chimiques en Syrie.
Les analyses ont été réalisées par un laboratoire français désigné par l'Organisation pour l'Interdiction des armes chimiques pour l'identification des toxiques de guerre.
Les États-Unis demandent plus de preuves
Mais pour les Etats-Unis, les résultats des analyses françaises semblent insuffisants. La Maison Blanche réclame mardi plus de preuves pour établir formellement que du gaz sarin a été utilisé en Syrie.
"Nous devons augmenter la faisceau des preuves en notre possession (...) avant de prendre une décision", a déclaré le porte-parole de Barack Obama, Jay Carney, alors que le président américain a affirmé dans le passé que le recours à des armes chimiques changerait la "règle du jeu" en Syrie. "Il nous faut enquêter davantage", a ajouté Jay Carney lors de son point de presse quotidien.
Le régime de Bachar el-Assad a jusqu'ici toujours nié l'utilisation d'armes chimiques.
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