Syrie: Daesh frappe en zone loyaliste, plus de 140 morts

Dimanche sanglant en Syrie. Au moins 142 personnes ont été tuées dans une série d'attentats spectaculaires revendiqués par les jihadistes de Daesh (l'acronyme en arabe de l'Etat islamique) dans des zones tenues par le régime, tandis que Washington et Moscou poussent pour la mise en place d'un cessez-le-feu.
Homs, troisième ville du pays, a été frappée par le plus sanglant attentat du genre sur son sol depuis 2011 avec 59 morts selon une ONG. Plus de 80 autres personnes ont été tuées près d'un sanctuaire chiite au sud de Damas dans une double attaque jihadiste selon l'agence de presse officielle syrienne.
C'est dans ce contexte meurtrier et malgré les échecs des précédentes tentatives d'instaurer un cessez-le-feu dans ce pays ravagé par la guerre, que le secrétaire d'Etat John Kerry a annoncé à Amman "un accord provisoire en principe" avec la Russie sur les modalités d'une trêve, qui "pourrait commencer dans les prochains jours".
La multiplication des protagonistes, les divisions internationales et la montée en puissance de Daesh et du Front Al-Nosra, ont miné les efforts pour un règlement du conflit qui a fait en près de cinq ans plus de 260.000 morts et poussé à la fuite plus de la moitié de la population.
83 morts au sud de Damas, 59 à Homs
A Sayeda Zeinab, localité à 5 km au sud de Damas et abritant un haut lieu du chiisme, 83 personnes ont été tuées dans les attentats, selon l'agence syrienne Sana. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a quant à lui fait état de 68 morts et 160 blessées. Au moins 19 personnes se trouvaient dans un état de "mort clinique", d'après l'ONG, citant des sources médicales sur le terrain.
Revendiquant l'attaque, Daesh a affirmé que deux de ses kamikazes s'étaient fait exploser, menaçant de mener de nouvelles attaques. L'organisation extrémiste n'a pas fait état d'un troisième attentat comme l'ont rapporté l'OSDH et la télévision d'Etat syrienne.
Un journaliste de l'AFP sur place a vu un amas de voitures calcinées et des débris de verre jonchant le sol dans la zone frappée. Les attentats se sont produits à 400 mètres du mausolée de Sayeda Zeinab, l'une des petites-filles du prophète Mahomet vénérées par les chiites. Selon lui, au moins une soixantaine de magasins et beaucoup de façades d'immeubles ont été dévastés.
Les attentats de Sayeda Zeinab ont été menés quelques heures après une double attaque à la voiture piégée, également revendiquée par Daesh, dans un quartier à majorité alaouite à Homs, faisant 59 morts selon un nouveau bilan de l'OSDH. Les alaouites sont une communauté issue du chiisme et à laquelle appartient le président syrien Bachar al-Assad.
"Message" de Daesh "à la communauté internationale"
D'après Rami Abdel Rahmane le directeur de l'OSDH, Daesh, visé à la fois par les frappes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis mais aussi par les frappes russes, veut envoyer un double message.
"C'est un message d'abord à la communauté internationale pour montrer qu'ils (les jihadistes de Daesh) sont toujours puissants malgré les frappes", affirme-t-il.
Selon lui, le groupe jihadiste profite aussi de l'affaiblissement des rebelles dans le nord de la Syrie face à l'armée pour "montrer qu'il est le seul capable de frapper le régime dans ses fiefs, ainsi que les chiites et les alaouites".
La Syrie est un pays à majorité sunnite mais le pouvoir en place depuis plus d'un demi-siècle est aux mains du clan alaouite des Assad. Il est ravagé par une guerre sanglante depuis près de cinq ans qui a fait plus de 260.000 morts et jeté plus de la moitié de la population hors de chez elle.