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Syrie

Soupçons d'armes chimiques en Syrie: l'ONU se réunit en urgence

Des cadavres d'hommes, en banlieue de Damas, où l'opposition affirme qu'ils ont été tués par des armes chimiques.

Des cadavres d'hommes, en banlieue de Damas, où l'opposition affirme qu'ils ont été tués par des armes chimiques. - -

L'opposition syrienne accuse le régime de Bachar Al Assad d'avoir perpétré mercredi un massacre sans précédent au moyen d'armes chimiques. La communauté internationale réclame de pouvoir enquêter.
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La guerre civile qui déchire la Syrie a franchi un nouveau pas dans l'horreur mercredi. L'armée syrienne, qui défend les intérêts de Bachar al-Assad, aurait perpétré une attaque "à l'arme chimique" dans une banlieue rebelle de Damas. L'opposition évoque un bilan de plus de 1.300 morts, dont des enfants.

"Celui qui nous tue et tue nos enfants n'est pas seulement le régime. L'indécision américaine nous tue. Le silence de nos amis nous tue. L'abandon de la communauté internationale nous tue, l'indifférence des Arabes et des musulmans, l'hypocrisie du monde que nous croyions libre nous tue", a déclaré avec émotion mercredi lors d'une conférence de presse George Sabra, dirigeant de la Coalition nationale de l'opposition.

L'ONU en discussion avec Damas

Le Conseil de sécurité de l'ONU a indiqué en fin d'après-midi qu'elle tiendra mercredi soir des consultations à huis clos à ce sujet, à la demande de cinq des quinze pays membres du Conseil de sécurité. Le chef des inspecteurs de l'ONU Ake Sellstroem est d'ailleurs déjà "en discussion" avec les autorités syriennes, selon le porte-parole adjoint de l'ONU, qui nient catégoriquement l'usage de telles armes.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, a estimé que si ces informations venaient à être confirmées, il s'agirait d'une "atrocité sans précédent", qui "porterait sur un nombre très important de personnes, des femmes, des enfants".

Un massacre potentiel en puissance

Une position confortée dans l'après-midi par la diplomatie de l'Union européenne. "Nous avons vu avec une grande préoccupation les informations concernant une possible utilisation d'armes chimiques par le régime syrien. De telles accusations doivent faire l'objet d'une enquête immédiate et approfondie", a déclaré un porte-parole.

Les Etats-Unis, qui se sont dits "extrêmement inquiets" ont réclamé pour l'ONU un "accès immédiat" aux témoins et victimes. "L'équipe d'enquêteurs de l'ONU, qui se trouve actuellement en Syrie, est prête à le faire, et ce serait cohérent avec son objectif et son mandat".

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Des photos extrêmement dures (affichées en tête et à droite de cet article) ont été récupérées par l'AFP, montrant de nombreux corps sans vie. Elles ont été présentées par le Comité local d'Arbeen et Shaam News Network, un média d'opposition au régime d'al-Assad, comme des clichés des victimes de l'attaque au gaz neurotoxique.

Un gaz capable de tuer en dix minutes

Des vidéos ont également été diffusées par des militants, et montrent des enfants inanimés étendus sur le sol à côté de corps d'hommes qui ne portent aucune trace de sang. Des hommes circulent entre les rangées de corps alignés. Sur l'une d'elles, du personnel soignant tente de mettre aux enfants des masques à oxygène pour les aider à respirer, alors que des médecins essaient de ranimer d'autres qui semblent inconscients.

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Depuis 1997 et la Convention internationale sur les armes chimiques la production, le stockage et l'emploi des armes chimiques sont interdits. Problème, la Syrie ne l'a pas ratifiée. Ces gaz toxiques, capables de tuer en dix minutes, sont susceptibles de décimer toute une population, dont les enfants. En décembre, Barack Obama avait menacé la Syrie de "conséquences" si elle venait à en utiliser.

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Plus de 100.000 personnes ont péri en Syrie, selon l'ONU, depuis le début en mars 2011 d'une révolte contre le régime du président Bachar al-Assad avant de se transformer en guerre civile.

Alexandra Gonzalez avec AFP