BFMTV
Syrie

Intervention américaine en Syrie: quel avenir pour Assad?

Le président syrien Bachar al-Assad lors d'une interview télévisée le 6 octobre 2016

Le président syrien Bachar al-Assad lors d'une interview télévisée le 6 octobre 2016 - SANA / AFP

Suite à la décision unilatérale des Etats-Unis d'intervenir en Syrie, le président Bachar al-Assad semble de plus en plus isolé.

La question de l'avenir de Bachar al-Assad à la tête de la République arabe syrienne semble de nouveau posée ce vendredi, au lendemain des frappes américaines qui ont visé des installations du régime. Soupçonné d'avoir perpétré une attaque chimique de grande ampleur mardi dans la région d'Idleb, le président syrien, notamment soutenu par la Russie et l'Iran, a probablement agi sans concerter ses alliés, a estimé Bertrand Badie, professeur en relations internationales à Science Po, sur BFMTV.

Alors que Donald Trump a informé Moscou et ses alliés européens des frappes qu'il allait conduire en Syrie, "il est hautement probable que Bachar al-Assad ait décidé seul" de mener une attaque chimique sur son sol, a indiqué le spécialiste. Or, "les Russes sont dans une phase où il faut passer de l'action militaire à l'action diplomatique, où il faut avoir un succès diplomatique qui vient s'ajouter au succès militaire". Soutenir implicitement une attaque chimique "n'est pas la meilleure façon pour eux d'y parvenir", juge Bertrand Badie.

"On dirait qu'Assad a voulu signifier que pour lui, l'affaire syrienne est une affaire intérieure et une affaire militaire qui ne pourra être réglée que par la force et la puissance. Donc Poutine a peut-être un peu moins envie d'Assad aujourd'hui qu'hier, Trump même chose alors qu'il avait fait il y a encore très très peu de temps quelques pas dans sa direction", explique-t-il.

La décision du président américain de frapper les installations du régime de Damas marque en effet un tournant dans la stratégie américaine en Syrie. Lors de sa campagne, Donald Trump avait insisté à de nombreuses reprises sur le fait qu'il ne comptait pas dicter des changements de régime aux pays du Moyen-Orient. La semaine dernière encore, son entourage indiquait que la Maison Blanche ne faisait pas du départ de Bachar al-Assad l'une de ses priorités pour résoudre la crise syrienne.

"Que le départ d'Assad arrange le Kremlin et la Maison Blanche, c'est infiniment probable", souligne ainsi Bertrand Badie. "Mais que cela puisse se faire comme ça, c'est infiniment peu probable", conclut-il. 

Mélanie Rostagnat