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Liban

"Une nouvelle ère de l'histoire du Liban commence": le commandant en chef de l'armée Joseph Aoun élu président

Joseph Aoun, chef des forces armées libanaises, après son élection comme président au parlement libanais le 9 janvier 2025

Joseph Aoun, chef des forces armées libanaises, après son élection comme président au parlement libanais le 9 janvier 2025 - Anwar AMRO / AFP

Le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, a été élu jeudi président de la République mettant fin à deux ans de vacance du pouvoir.

Le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, a été élu jeudi 9 janvier président de la République, mettant fin à une vacance de plus de deux ans à la tête du pays, qui a aggravé ses crises économique et politique.

Joseph Aoun a recueilli 99 voix sur 128 au Parlement lors d'une deuxième session dans l'après-midi. Il n'avait obtenu que 71 voix au premier tour de scrutin dans la matinée, les 30 députés du Hezbollah pro-iranien et de son allié, le mouvement chiite Amal, ayant voté blanc.

Mais une rencontre au Parlement entre des représentants des deux formations et le commandant en chef de l'armée au Parlement, entre les deux tours, a changé la donne, lui assurant la majorité nécessaire pour l'emporter.

"Une nouvelle ère"

Le président élu, en tenue civile, est entré dans l'hémicycle sous les applaudissements pour prêter serment.

"Aujourd'hui commence une nouvelle ère dans l'histoire du Liban", a-t-il déclaré, annonçant qu'il s'"emploierait à consacrer le droit de l'État à avoir le monopole des armes", après la guerre entre Israël et le Hezbollah. Le nouveau président s'est aussi engagé à respecter "la trêve" avec Israël.

Joseph Aoun doit désormais mener des consultations pour nommer un Premier ministre à la tête d'un nouveau cabinet qui devra obtenir la confiance de la communauté internationale et mettre en œuvre des réformes urgentes, destinées à relancer l'économie et à reconstruire les zones dévastées dans le sud.

Des pouvoirs diminués

Le Hezbollah, acteur incontournable de la scène politique, est sorti affaibli après deux mois de guerre avec Israël et la chute début décembre du président syrien, Bachar al-Assad, son allié.

En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir, la présidence du Liban est réservée à un chrétien maronite.

Le Liban était doté d'un système présidentiel mais les pouvoirs du chef de l'Etat ont été largement diminués par l'accord de Taef ayant mis fin à la guerre civile (1975-1990) au profit du Conseil des ministres présidé par un musulman sunnite.

Depuis la fin du mandat du président sortant, Michel Aoun (sans lien de parenté avec le commandant en chef de l'armée), en octobre 2022, le Parlement n'est pas parvenu à élire un président.

Rôle-clé du cessez-le-feu

Les détracteurs du Hezbollah l'accusent d'avoir bloqué l'élection en voulant imposer son candidat, Sleimane Frangié. Or, ce dernier a annoncé mercredi son retrait de la course en faveur du commandant de l'armée.

Des analystes estiment que le rôle-clé de l'armée dans la mise en œuvre du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, entré en vigueur le 27 novembre, a été un facteur déterminant pour l'ascension de Joseph Aoun vers la présidence.

Cette élection s'est tenue après un sérieux revers infligé par Israël au Hezbollah dans la guerre qui les a opposés, tuant notamment son chef, Hassan Nasrallah.

Pressions américaine et saoudienne

La candidature du commandant en chef de l'armée, qui a une réputation de probité et d'impartialité, était appuyée par les États-Unis et l'Arabie saoudite, poids lourd régional, selon des responsables politiques libanais.

Les pressions diplomatiques se sont intensifiées sur les parlementaires pour les pousser à choisir le commandant en chef de l'armée.

Depuis le début de la semaine, les émissaires américain Amos Hochstein, saoudien Yazid Al Farhane et français Jean-Yves Le Drian ont eu des rencontres séparées avec des députés et des personnalités politiques libanaises.

Des députés ayant rencontré Amos Hochstein et Yazid Al Farhane ont affirmé que Washington et Ryad soutenaient la candidature de Joseph Aoun.

À Aïchiyé, village natal du commandant de l'armée dans le sud du Liban, les habitants ont laissé éclater leur joie, a constaté un correspondant de l'AFP.

Des portraits du général Aoun ornaient les rues, accompagnés de slogans de soutien.

La Constitution devrait être amendée car elle interdit l'élection de hauts fonctionnaires en poste ou ayant exercé leur fonction au cours des deux dernières années.

F.B. avec AFP