"Il tient, mais il est fragile": Lecornu et Barrot appellent à "pérenniser" le cessez-le-feu au Liban

Le cessez-le-feu entre Israël et le Liban "tient, mais il est fragile". Les ministres français des Armées, Sébastien Lecornu, et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sont arrivés lundi au Liban où une trêve est en vigueur depuis le 27 novembre après deux mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah libanais.
Au micro de BFMTV ce mardi 31 décembre, les deux ministres ont appelé à "pérenniser le cessez-le-feu", sachant que celui-ci est encore "fragile" puisqu'"il nécessite beaucoup de déconfliction, beaucoup de neutralisation et de nettoyage".
"L'enjeu ici, c'est de permettre à ce que les Forces armées libanaises exercent pleinement la souveraineté du Liban à la place de ces unités du Hezbollah", a déclaré le ministre.
Plus de 300 "situations de sécurité complexes" traitées
"Vous êtes dans une zone historiquement contestée, ça fait 40 ans que ce mandat des Nations unies existe, vous avez une présence du Hezbollah qui est résiduelle avec une présence qui est politique", a développé Sébastien Lecornu, précisant que "plus de 300 situations de sécurité complexes" avaient déjà été traités.
Les ministres ont rencontré en fin d'après-midi le commandant en chef de l'armée libanaise Joseph Aoun, confronté à un défi de taille, celui de piloter le déploiement des ses militaires dans le sud du pays à la suite du cessez-le-feu. Le général Aoun est par ailleurs cité comme un candidat possible pour le poste de président de la République, vacant depuis plus de deux ans.
"Il appartient donc aux forces politiques libanaises de prendre leurs responsabilités et de saisir cette occasion pour élire ce président et qu'on puisse engager le Liban sur une trajectoire qui lui permet de reprendre son destin en mains", a encore déclaré Sébastien Lecornu. "D'abord le président, puis un gouvernement avec des institutions qui fonctionnent".
"Si la Finul n'était pas là, ce serait pire"
Le ministre des Armées, qui s'apprête à passer le réveillon avec les soldats français de la Force des Nations unies (Finul), a aussi défendu le rôle de ces forces spéciales, avant d'appeler à une "maîtrise d'une escalade régionale" du conflit.
"Si elle n'était pas là, ce serait pire", a-t-il déclaré, "et tout ceux qui la critiquent ne nous ont pas donné d'autre idée à la place. Par définition inventer quelque chose de nouveau est très difficile, donc déjà elle a le mérite d'exister".
"Ce ne sont pas des casques bleus d'interposition", a-t-il déclaré. "On a le souvenir de l'emploi de nos casques bleus dans les Balkans dans les années 90 mais ce n'est pas le mandat qui est donné ici. Ici c'est un mandat d'observation qui normalement est là pour accompagner l'armée libanaise pour qu'elle puisse exécuter sa mission".
"Si elle n'avait pas existé, la confrontation entre le Hezbollah et peut-être même les populations civiles de part et d'autres aurait été encore plus forte ou virulente qu'elle ne l'a été", a conclut le ministre des Armées.
Jeudi, la Finul s'était dite "préoccupée" par "la poursuite des destructions" menées par l'armée israélienne dans le sud du Liban, malgré la trêve. En vertu de cet accord, l'armée libanaise et les casques bleus de l'ONU doivent se déployer dans le sud du Liban et l'armée israélienne s'en retirer sous 60 jours.
Mais plus d'un mois après son entrée en vigueur, l'armée israélienne ne s'est retirée que d'un seul secteur, Khiam, où l'armée libanaise s'est déployée. La Finul a appelé "au retrait rapide" de l'armée israélienne, estimant que "toute action mettant en péril le fragile cessez-le-feu doit cesser".