Twitter, nouvelle arme de propagande dans le conflit israélien-palestinien

Photo de propagande utilisée par le compte officiel de l'armée israélienne - -
"L'IDF vient de commencer une large campagne contre le terrorisme et les activistes de la bande de #Gaza, parmis lesquels des chefs du #Hamas et des jihadistes islamic". C'est en ces termes que la première guerre, ou du moins la première opération militaire d'envergure, a été déclarée sur Twitter par l'armée israélienne, mercredi vers 15h30.
La nouvelle a été annoncée par @IDFSpokesperson, le compte officiel des Forces de Défense israélienne.
The IDF has begun a widespread campaign on terror sites & operatives in the #Gaza Strip, chief among them #Hamas & Islamic Jihad targets.

Deux minutes après la publication de ce premier tweet, l'armée israélienne annonce, toujours sur son compte IDF, que "la première cible", Ahmed Al-Jabari, le chef militaire du Hamas, a été éliminée. Un tweet accompagné d'une photo de l'homme abattu, sous fond rouge, avec la mention "ELIMINATED" tamponnée. Une mise en scène digne d'un film ou d'un jeu vidéo.
>> Lire également notre article sur le raid israélien contre la bande de Gaza.
L'opération de com' ne s'est pas arrêtée là. Le compte Twitter IDF a publié des tweets toute la journée de mercredi, pour annoncer la progression de l'opération, la justifier et l'expliquer tout en menaçant ses ennemis, et continue de le faire ce jeudi.
La guerre se prolonge sur Twitter
Les réactions ne se sont pas en tout cas pas fait attendre : certaines ferventes, d'autres indignées, insultantes ou menaçantes.
Celle du compte de la branche armée du Hamas, @Alqassambrigade, promet de rendre coup pour coup. "Nos mains bénies atteindront vos chefs et vos soldats où qu'ils se trouvent. (Vous avez ouvert les portes de l'enfer vous-même)", a publié le compte palestinien vers 16h20 mercredi, avant d'utiliser la même technique de propagande qu'IDF : décompte des torts, explications, justifications etc.
Un échange qui en dit long sur l'état des relations entre Israël et le Hamas, d'autant que les messages émanent de comptes officiels.
L'opération de communication avait en tout cas été préparée de longue date, rapporte le site techpresident.com (lien en anglais), qui explique que le lieutenant colonel israélien Avital Leibovich s'est elle aussi rendu sur twitter vers 16h00, pour publier le nom de l'opération sous le hashtag #PillarOfDefense, un nom tiré du Livre de l'Exode (issu de l'Ancien Testament).
Une véritable guerre de propagande, a tel point que le gouvernement israélien menace de couper Internet sur les territoires occupés.
>> Lire également : Les Anonymous menacent Israël pour maintenir Internet en Palestine
Des moyens plus importants, mais peu de soutien de la "twittosphère"
Au final, la guerre sur Twitter aurait été gagnée par le Hamas, selon le Washington Post, qui a procédé à un décompte des retweets et des hashtags, en fin d'après-midi (fin de soirée heure française).
Ainsi, même si le compte israélien IDF possède plus de 71.000 abonnés et celui des Brigades Al-Qassam, à peine 4.000, Twitter s'est plutôt rangé du côté palestinien. Le quotidien prend l'exemple des tags #PillarofDefense, qui a reçu plus de 800 mentions, et celui de #GazaUnderAttack, utilisé principalement par les opposants de l'opération israélienne, qui tournent plutôt autour des 120.000 mentions.
Malgré des moyens largement supérieurs de l'armée israélienne, Twitter semble donc plus prompt à discuter des victimes et à dénoncer la violence. L'initiative "opération médias sociaux" de l'armée israélienne n'a probablement pas eu l'effet escompté.