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Shoah: face à la polémique, Netanyahu se défend d'avoir voulu exonérer Hitler

Mercredi 21 octobre, à Berlin, Angela Merkel a du réaffirmer la responsabilité allemande dans la Shoah, après les propos polémique de Benjamin Netanyahu, qu'elle recevait.

Mercredi 21 octobre, à Berlin, Angela Merkel a du réaffirmer la responsabilité allemande dans la Shoah, après les propos polémique de Benjamin Netanyahu, qu'elle recevait. - Tobias Schwarz - AFP

Le Premier ministre israélien a créé la polémique, mardi, en avançant l'idée que le mufti de Jérusalem avait incité Hitler à exterminer les juifs. Des propos qui ont suscité de vives réaction au sein de l'opposition israélienne, et chez les dirigeants palestiniens, mais qui ont aussi poussé Angela Merkel à réaffirmer la responsabilité de l'Allemagne dans la Shoah.

Après la polémique, Benjamin Netanyahu tente de se rattraper. Le Premier ministre israélien s'est défendu, mercredi, d'avoir voulu exonérer Hitler de sa responsabilité dans la Shoah en déclarant que c'était le mufti de Jérusalem de l'époque qui avait donné au dictateur l'idée d'exterminer les juifs d'Europe.

Accusé de déformer l'histoire

Benjamin Netanyahu a été accusé par l'opposition israélienne et le président palestinien Mahmoud Abbas de déformer l'histoire. La controverse a éclaté après un discours prononcé devant le Congrès sioniste à Jérusalem, mardi, veille du départ de Benjamin Netanyahu pour l'Allemagne.

Il évoquait une rencontre en novembre 1941 en Allemagne entre Adolf Hitler et le grand mufti de Jérusalem Haj Amin al-Husseini, haut dirigeant musulman dans la Palestine alors sous mandat britannique. "Hitler, à ce moment là, ne voulait pas exterminer les juifs mais les expulser. Alors Haj Amin al-Husseini est allé voir Hitler et a dit: 'Si vous les expulsez, ils viendront tous ici'", en Palestine, a dit Benjamin Netanyahu. "'Et qu'est-ce que je vais en faire?' a demandé (Hitler). Il (le mufti) a dit: 'Brûlez-les'".

Benjamin Netanyahu invoquait ce personnage pour réfuter selon lui les accusations historiquement mensongères selon lesquelles les juifs ou Israël chercheraient à détruire ou s'accaparer l'esplanade des Mosquées et la mosquée Al-Aqsa qui s'y trouve, à Jérusalem. Une question centrale dans l'enchaînement actuel des violences entre Palestiniens et Israéliens.

Vives réactions en Israël

Ces déclarations ont fait couler beaucoup d'encre. Le chef de l'opposition travailliste Isaac Herzog s'est indigné d'une "déformation historique dangereuse" qui minimise la part prise par Hitler dans la Shoah. Côté palestinien, Mahmoud Abbas a accusé les Israéliens de distordre "leur histoire, les actes criminels qui leur ont été infligés" pour s'en servir contre les Palestiniens.

Et le négociateur palestinien Saëb Erakat a déploré que le "chef du gouvernement israélien haïsse son voisin au point d'être prêt à absoudre le premier criminel de guerre de l'Histoire, Adolf Hitler, du meurtre de six millions de juifs pendant l'Holocauste".

Devant les réactions suscitées par ses propos, Benjamin Netanyahu s'est justifié au pied de l'avion qui devait l'emmener en Allemagne, puis sur place.

"C'est absurde. Je n'avais aucune intention d'absoudre Hitler de sa responsabilité dans la destruction démoniaque du judaïsme européen. Hitler était responsable de la solution finale", a-t-il dit. Mais la responsabilité "importante" du grand mufti de Jérusalem à l'époque ne doit pas non plus "être niée", a-t-il ajouté.

L'Allemagne insiste sur sa responsabilité historique

La chancelière allemande Angela Merkel a insisté mercredi sur la responsabilité historique de son pays dans la Shoah après les propos controversés de Netanyahu.

"Nous ne voyons aucune raison de changer notre perception de l'histoire tout particulièrement en la matière, nous continuons à assumer la responsabilité allemande dans la Shoah", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Berlin aux côtés du chef de gouvernement israélien.

"Au nom du gouvernement allemand et en mon nom je peux dire que nous sommes conscients de la responsabilité des nazis dans cette rupture civilisationnelle qu'a constitué la Shoah, nous sommes convaincus que ceci doit être transmis aux générations à venir par exemple dans le cadre de l'éducation scolaire", a-t-elle ajouté.

A.S. avec AFP