Prisonniers politiques, otages occidentaux... Pourquoi la frappe d'Israël sur la prison iranienne d'Evin est symbolique

C'est une frappe à la portée symbolique menée par l'armée israélienne ce lundi 23 juin. L'aviation de l'État hébreu a bombardé la porte d'entrée de la prison d'Evin, située dans la capitale iranienne Téhéran. Une vidéo de vidéosurveillance montre une explosion sur l'une des entrées de ce centre de détention.
L'État hébreu a frappé ce lundi d'autres "organes de répression du gouvernement", comme "le quartier général de la sécurité intérieure des Gardiens de la révolution, le quartier général de l'idéologie et d'autres cibles du régime", selon Israël Katz, le ministre israélien de la Défense.
Des "actes de torture" à Evin
D'après la justice iranienne, cette frappe a endommagé certaines parties de l'établissement, mais Téhéran a affirmé que la prison restait "sous contrôle". Dans ce centre de détention se trouvent des prisonniers politiques, des militants pour les droits de l'homme et des opposants politiques au régime islamique.
Construite en 1972 par le dernier chah d'Iran, il s'agit d'un symbole de la répression menée par le régime des Mollahs depuis leur arrivée au pouvoir en 1979. Des associations, comme Humans Right Watch, ont dénoncé ces dernières années les "mauvais traitements" et les "actes de torture" dans la prison d'Evin où les conditions de vie sont "effroyables", selon l'ONG. La lauréate du prix Nobel de la paix 2023 Narges Mohammadi y a été incarcérée et y a documentée l'isolement cellulaire dont souffrent les prisonniers.
Les deux Français retenus en Iran "n'auraient pas été touchés"
Sur BFMTV, Olivier Rafowicz, porte-parole de l'armée israélienne, explique que l'objectif des frappes menées ce lundi est de "viser les Gardiens de la révolution et tout ce qui est relié à l'appareil de guerre de l'Iran". "Les buts de l'opération sont à la fois d'éliminer la menace nucléaire et militaire iranienne contre l'État d'Israël", rappelle-t-il sur notre antenne.
Et la prison d'Evin fait partie de "l'appareil de guerre", selon Tsahal. "Lorsque nous frappons de manière extrêmement précise la prison d'Evin, nous visons des éléments qui sont reliés au gouvernement mais aussi à l'appareil de guerre de l'Iran", explique Olivier Rafowicz. Selon ce dernier, cet établissement est "tristement célèbre pour les tortures et ce qui s'y passe depuis des années".
"Tous les Iraniens connaissent les pires choses dans cette prison", selon lui, qualifiant l'Iran de "république de terreur contre les Iraniens eux-mêmes".
Parmi les prisonniers figurent des Occidentaux, détenus par le régime de Téhéran qui s'en sert depuis plusieurs années comme monnaie d'échange.
Deux Français, Cécile Kohler et Jacques Paris, "otages" en Iran depuis trois ans, "n'auraient pas été touchés par les dommages causés sur place", selon le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. Ce dernier qualifie cette frappe "d'inacceptable" car elle "a mis en danger nos ressortissants", selon le Quai d'Orsay qui demande à "laisser place à la négociation et à la diplomatie".
De son côté, la famille de Cécile Kohler a aussi dénoncé cette frappe, la qualifiant de "complètement irresponsable". Mais il est impossible d'affirmer que les deux Français se trouvaient dans la prison de Téhéran au moment de la frappe israélienne.