Iran: un conseiller du président accuse Israël et Washington après l'attentat qui a fait 84 morts

Le site où deux explosions rapprochées ont frappé une foule le jour de l'anniversaire de l'assassinat en 2020 du général Qasem Soleimani, près de la mosquée Saheb al-Zaman dans la ville de Kerman, dans le sud de l'Iran, le 3 janvier 2024. - SARE TAJALLI / ISNA / AFP
Un conseiller politique du président iranien a accusé mercredi Israël et les États-Unis d'être derrière les deux attentats qui ont tué au moins 103 personnes dans le sud du pays mercredi 4 janvier. Ces deux explosions ont eu lieu près de la tombe du général Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations iraniennes au Moyen-Orient dont l'Iran marquait le quatrième anniversaire de la mort en 2020 dans une frappe américaine.
L'Iran a révisé ce jeudi à la baisse le bilan officiel de ces attentats, faisant état désormais de 84 morts, contre 103 mercredi. "Selon les dernières statistiques, 84 personnes ont été tuées", a annoncé jeudi à la télévision d'Etat le chef des services d'urgence du pays, Jafar Miadfar, présentant également un bilan de "284 blessés, dont 195 sont toujours hospitalisés".
"Washington affirme que les États-Unis et Israël n'ont joué aucun rôle dans l'attentat terroriste de Kerman, en Iran. Vraiment ? Un renard ne sent pas sa propre odeur", a écrit Mohammad Jamshidi sur X (anciennement Twitter).
"La responsabilité de ce crime incombe aux régimes américain et sioniste, et le terrorisme n'est qu'un outil", a-t-il affirmé.
Le guide suprême de la Révolution islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, et le président iranien Ebrahim Raïssi avaient promis plus tôt "une réponse sévère" aux explosions.
Acte non revendiqué à ce stade
Israël n'a pas commenté cette allégation et le département d'Etat américain a jugé "absurde" l'idée que les États-Unis ou Israël soient liés à ces explosions.
Selon un haut responsable américain qui s'exprimait auprès de l'AFP, ces explosions ressemblent à une "attaque terroriste" du type de celles menées par le groupe Etat islamique (EI). "Cela ressemble à une attaque terroriste, le genre de chose que l'EI a fait dans le passé, et c'est ce qu'on suppose à cette heure", a déclaré à la presse ce haut responsable de l'administration du président Joe Biden, sous couvert de l'anonymat.
Le chef de l'ONU a par ailleur "condamné avec force" mercredi ce double attentat. "Le secrétaire général (Antonio Guterres) appelle à ce que les responsables soient traduits" en justice, a déclaré sa porte-parole adjointe Florencia Soto Nino dans un communiqué.
Les craintes de voir la guerre Israël/Hamas embraser tout le Moyen-Orient s'étaient déjà accrues depuis une frappe qui a tué le numéro 2 du Hamas, Saleh al-Arouri, dans la banlieue sud de Beyrouth.
Fortes tensions à la frontière israélo-libanaise
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, allié de l'Iran, a mis en garde Israël contre une nouvelle escalade après la mort de Saleh al-Arouri, qui doit être inhumé jeudi dans le camp palestinien de Chatila, à Beyrouth.
"Pour le moment, nous combattons sur le front de façon calculée (...) mais si l'ennemi pense lancer une guerre contre le Liban, nous combattrons sans limites, sans restrictions et sans frontières", a-t-il déclaré.
"Nous ne craignons pas la guerre ", a encore menacé Hassan Nasrallah.
En Israël, le chef d'état-major de l'armée Herzi Halevi a indiqué que ses troupes étaient en état d'alerte à la frontière avec le Liban (nord), théâtre quasi-quotidien d'échanges de tirs depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
"Nous sommes à un niveau très élevé de préparation dans le nord (...) Je crois que notre préparation est à son niveau maximal", a-t-il dit, en évoquant "des opportunités" pour "créer un changement significatif" dans la région.
Depuis le début de ce conflit, les tensions se multiplient aussi en Syrie et en Irak, où des bases américaines sont prises pour cible, mais également en mer Rouge, où les rebelles Houthis du Yémen mènent des attaques pour freiner le trafic maritime en "soutien" à Gaza.
La guerre qui dure à Gaza depuis cette attaque a coûté la vie à 22.313 personnes, majoritairement des femmes, des adolescents et des enfants, soit près de 1% de la population de ce territoire de 2,4 millions d'habitants, selon le dernier bilan du Hamas, mouvement classé "terroriste" par les Etats-Unis, Israël et l'Union européenne.