En Iran, la maison de famille de la championne d'escalade qui a concouru sans voile démolie

La championne d'escalade Elnaz Rekabi concourt sans hijab lors d'une compétition internationale en Corée du Sud - Rhea KANG / INTERNATIONAL FEDERATION OF SPORT CLIMBING / AFP
Les proches de la grimpeuse visés? La maison de famille de la championne d'escalade iranienne Elnaz Rekabi, interpellée par la police des mœurs iranienne pour ne pas avoir porté de voile pendant une compétition sportive, a été démolie, rapportent plusieurs médias étrangers.
Une vidéo montrant une habitation détruite avec des médailles sportives au milieu des gravats a circulé cette semaine sur les réseaux sociaux. On y voit également Davood Rekabi, le frère d'Elznaz, lui aussi athlète, pleurer en regardant les ruines. L'origine et la date de ces images n'ont pas été confirmées.
Un acte de vengeance pour les opposants au régime
L'agence iranienne semi-officielle Tasmi a confirmé la destruction de la maison, sans donner les raisons de cette démolition. Des militants opposés au gouvernement iranien estiment qu'il s'agit d'un acte de vengeance visant la championne qui a défié Téhéran. Selon, l'agence iranienne cependant, la démolition pourrait s'expliquer par une absence de permis de construire.
L'athlète avait bravé le code vestimentaire imposé par la République islamique en participant à une compétition internationale d'escalade à Séoul, en Corée du Sud, un simple bandana sur la tête.
Son geste a été interprété comme un geste de solidarité avec les manifestations en Iran, alors que la République islamique impose aux sportives iraniennes le port du voile même dans les compétitions à l'étranger.
Elle a également fait son retour à Téhéran sans porter non plus de hijab - comme l'impose l'Iran à toutes les femmes - mais avec une casquette et une capuche, acclamée par la foule.
L'athlète arrêtée?
Selon le média en ligne Iran Wire, la grimpeuse aurait ensuite été piégée par le chef de la Fédération iranienne d’escalade, aussi ancien membre du ministère de l'Information, et emprisonnée dans le plus grand secret, potentiellement dans la prison d'Evin, connue pour accueillir de nombreux prisonniers politiques à Téhéran.
L'athlète a posté à deux reprises deux messages sur son compte Instagram sous forme d'excuses, assurant que son foulard avait glissé par erreur pendant la compétition.
Ces déclarations ont suscité l'inquiétude de plusieurs organisations de défense des droits humains basées à l'étranger qui se sont interrogés sur de potentielles pressions qu'elle aurait pu subir.
L'Iran connaît un mouvement de protestation rare dans le pays, après la mort d'une jeune femme de 22 ans Mahfsa Amini, quelques jours après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour ne pas avoir porté correctement son voile. Les autorités ont annoncé ce dimanche l'abolition de cette police.