BFMTV
Irak

Un journaliste allemand "embedded" avec Daesh

Jurgen Todenhöfer a négocié pendant 7 mois les conditions d'un reportage de 10 jours "embedded" avec l'Etat islamique.

Jurgen Todenhöfer a négocié pendant 7 mois les conditions d'un reportage de 10 jours "embedded" avec l'Etat islamique. - CNN

Le journaliste allemand Jurgen Todenhöfer a passé dix jours "embedded" avec l'Etat islamique. Ce reporter de guerre de 74 ans est le seul à être entré dans les rues de Mossoul cette année. Il en est revenu avec un témoignage unique sur la puissance et l'organisation du groupe. S'il explique avoir été encadré par les jihadistes, il réfute les accusations de propagande.

Jurgen Todenhöfer est le seul journaliste occidental à avoir pénétré dans la ville de Mossoul en Irak cette année. Il a pu entrer dans la mosquée où le chef de Daesh s'était autoproclamé calife de l'Etat islamique en juin dernier.

Le reporter allemand a passé dix jours aux côtés des jihadistes de l'Etat islamique au cours desquels il a pu rencontrer des prisonniers kurdes, interviewer des membres de l'Etat islamique, des enfants soldats et des membres de l'état islamique qui l'ont escorté tout au long de son reportage.

Cet ancien juge et député était "embedded". Après avoir pris contact via Facebook, il a négocié sept longs mois pour obtenir l'autorisation et la garantie que rien ne lui arriverait pendant le tournage. "J'ai simplement essayé et ça a marché", explique l'auteur qui avait obtenu une interview de Bachar el-Assad en 2012.

"Ils ont été corrects mais pas sympathiques. Nous avons eu des discussions très tendues sur notre manière d'enquêter, notre liberté. Nous avons dû leur donner nos téléphones portables, nos ordinateurs. Ils surveillaient toutes nos photos, les images qu'on tournait", explique-t-il de retour de son voyage.

De la propagande?

Et qu'a-t-il appris de son immersion? "L'Occident sous-estime largement l'ampleur du danger que représente l'EI", écrit-il dans un post de blog résumant ses impressions où il estime que Daesh a réduit Al-Qaïda à l'état de "nain". Il est également impressionné par l'afflux de combattants étrangers.

Accusé d'être instrumentalisé par le mouvement djihadiste, Jurgen Todenhöfer se défend de faire de la propagande. Il rappelle ainsi à chaque fois sa démarche: celle de mieux connaître l'ennemi pour le vaincre. Et c'est aussi sa façon de se documenter pour préparer son prochain livre.

D'autres refusent les propositions de EI

La même polémique avait eu lieu cet été après la diffusion d'un reportage sur le site du magazine américain Vice par un journaliste palestinien, résidant à Londres, "embedded" avec les islamistes. Mais si Jurgen Todenhöfer a fait lui-même la demande de se faire embedder, d'autres refusent.

Wassim Nasr, journaliste à France 24, expliquait à arretsrurimages.net en août dernier avoir déjà été contacté par les jihadistes pour réaliser un reportage "embedded", de même que son confrère David Thomson. S'ils ont des contacts réguliers avec des membres de Daesh, les deux journalistes français ont refusé jusqu'à maintenant les propositions des jihadistes pour qui la communication est un élément important de la guerre.

Karine Lambin