Le drone piégé, la nouvelle arme des terroristes de Daesh en Irak

Un drone survolant le quartier de la Défense à Paris, le 27 février 2015 (photo d'illustration) - Dominique Faget - AFP
C'est la nouvelle arme de Daesh. L'organisation terroriste utilise de plus en plus des drones piégés en Irak. Il y a trois mois, deux militaires français en opération spéciale ont même été blessés lors de l'une de ces attaques dans le nord du pays. Un rapport de l'organisation Sahan, spécialisée dans les conflits, détaille le mode opératoire des terroristes, rapporte Le Monde.
À Mossoul, le 2 octobre, un drone de Daesh a atterri à quelques dizaines de mètres des combattants kurdes. L'appareil a été stocké dans un bâtiment afin d'être examiné. Mais lorsque l'engin a été manipulé, il a explosé, tuant deux peshmergas. Deux commandos parachutistes de l'air français, qui se trouvaient à proximité, ont également été grièvement blessés.
Une production "centralisée"
Si les drones piégés ne sont "pas une arme redoutable tactiquement", comme le rapporte le grand quotidien du soir, la menace "peut avoir un impact psychologique". D'autant que ces appareils sont faciles d'accès pour une somme réduite: de 150 à 1.500 euros pour un appareil entièrement équipé comprenant caméra et système de navigation.
Selon les auteurs de l'étude, certains drones utilisés par les jihadistes sont même fabriqués "maison", pour un coût moyen de 200 euros. Dans les villes passées sous le contrôle des terroristes, "la production" est même "centralisée", indique Greg Colin, enquêteur de Sahan.
"Ils investissent les ateliers, avec leurs employés, appuyés si nécessaire par des esclaves, pour former des dispositifs à la chaîne. C'est basique, très bien étudié, c'est une forme de taylorisation", ajoute-t-il.
Le champ de bataille "envahi par les drones"
Un photographe du Monde a pu assister à l'une de ces attaques. Il a vu l'appareil qui "avait l'air très léger" et d'environ "1,20 m d'envergure" plonger et frapper une voiture, "traversant le pare-brise et explosant à l'intérieur, arrachant le volant". Pas de blessé cette fois-ci, le véhicule étant vide.
Mais selon lui, le champ de bataille "est envahi par les drones": ceux de Daesh, mais aussi ceux des différents groupes de l'armée irakienne, de leurs alliés, et même des journalistes.
"Cela conduit à une énorme confusion, témoigne Laurent Van der Stockt, il y a un bourdonnement permanent au-dessus des têtes. Les forces irakiennes ont abattu un grand nombre de leurs propres drones, faute de pouvoir les distinguer de ceux de l'ennemi."
En France, le sujet est pris au sérieux. Une note nationale a été envoyée aux préfets de zone de défense, également relayée à la police. Elle indique que tout drone trouvé au sol doit suivre la même procédure qu'un colis suspect et précise les consignes à suivre: l'appareil ne doit pas être touché, un périmètre de sécurité doit être établi et des équipes spécialisées alertées.