Menacé par Trump, le Mexique prend des "mesures sans précédent" contre l'immigration clandestine

Immigrants traversant la rivière Suchiate, frontière entre le Guatemala et le Mexique, le 7 juin 2019 - Pedro Pardo - AFP
Les Etats-Unis et le Mexique ont arraché un accord sur l'immigration ce vendredi soir à Washington, au terme de plusieurs jours de difficiles négociations, levant ainsi la menace de droits de douane sur les produits mexicains brandie par Donald Trump et potentiellement dommageables à leurs économies.
Le président américain, à peine revenu l'Europe où il avait assisté aux cérémonies du 75e anniversaire du Débarquement en Normandie, s'est chargé lui-même d'en faire l'annonce.
"Les Etats-Unis sont parvenus à un accord signé avec le Mexique. Les tarifs douaniers prévus pour être appliqués lundi par les Etats-Unis, contre le Mexique, sont donc suspendus indéfiniment", a-t-il écrit sur Twitter.
Il a ajouté que Mexico allait prendre "des mesures fortes pour endiguer le flux migratoire" traversant son pays à destination de la frontière sud des Etats-Unis où la police et la douane se disent débordées par le nombre des arrivées.
"Cela va permettre de réduire grandement, ou éliminer, l'immigration illégale venant du Mexique et entrant aux Etats-Unis", a-t-il assuré.
Son homologue mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a rapidement salué cet accord, également sur Twitter: "Grâce au soutien de tous les Mexicains, nous avons pu éviter l'imposition de droits de douane sur les produits mexicains exportés aux Etats-Unis".
Le président mexicain a confirmé qu'il se rendrait bien samedi à Tijuana, la ville mexicaine à la frontière de la Californie. Le voyage avait été prévu au plus fort de la crise, il s'agira cette fois de "célébrer" cet accord.
La Garde nationale déployée à la frontière sud
Les États-Unis estiment que le Mexique ne fait pas suffisamment pour contrôler sa frontière avec le Guatemala, au sud de son territoire, et qu'il a laissé se développer sur son sol des réseaux qui acheminent les migrants vers les États-Unis. Ceux-ci viennent essentiellement du Guatemala, du Honduras et du Salvador et ne font que transiter sur le sol mexicain.
"Le déploiement de sa Garde nationale à travers le Mexique, en priorité à sa frontière sud", figure ainsi parmi les mesures de l'accord, précise la déclaration.
Le chiffre de 6000 hommes annoncé jeudi par Mexico ne figure pas explicitement dans ce communiqué. Il a été lu par le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard à l'issue de longues discussions au département d'État américain entre les délégations des deux pays.
Attendre l'asile depuis le Mexique
Le Mexique devrait aussi accéder à une autre demande américaine. Tous les migrants venant faire une demande d'asile aux États-Unis seront renvoyés au Mexique en attendant qu'elle soit traitée par les tribunaux américains.
Le président américain Donald Trump menaçait d'appliquer dès lundi des droits de douane de 5% sur tous les produits mexicains si son voisin du Sud ne s'engageait pas à des mesures suffisantes contre l'immigration clandestine. L'utilisation de l'arme commerciale dans ce dossier avait inquiété les milieux d'affaires, tant les relations économiques sont étroites entre les deux pays.