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En pleine crise avec le Mexique, Trump stagne sur la question de l'immigration

Le président américain Donald Trump devant le mur de séparation à la frontière avec le Mexique, vendredi 5 avril.

Le président américain Donald Trump devant le mur de séparation à la frontière avec le Mexique, vendredi 5 avril. - Saul Loeb - AFP

Donald Trump a beau multiplier les menaces, ses promesses de politiques dures à la frontière mexicaine ont du mal à se concrétiser.

Dimanche, le président américain Donald Trump a annoncé le départ de Kirstjen Nielsen, sa ministre de la Sécurité Intérieure. Vendredi, c'est Ron Vitiello, à la tête des agents de l'immigrations (ICE), qui a été écarté de son poste. "Nous voulons aller dans une direction plus dure", a alors déclaré Donald Trump aux journalistes.

En évinçant deux responsables du contrôle aux frontières, Donald Trump marque son impatience face à l'absence d'avancées majeures pour plus de contrôles à la frontière sud du pays. Plus de trois ans après son élection, le fameux mur n'a pas beaucoup progressé, et en octobre dernier, des cortèges de milliers d'immigrants remontaient l'Amérique centrale pour entrer aux États-Unis, malgré les nombreuses menaces du président américain.

Le mur toujours en attente

La police aux frontières américaine estime à plus de 100.000 au mois de mars le nombre d'interpellations d'immigrants qui transitent par le Mexique pour se rendre aux États-Unis. Il s'agit selon elle du plus haut total mensuel depuis environ 10 ans.

Vendredi, le président rendait visite à des agents de la police aux frontières et est allé inspecter un tronçon du mur à la frontière mexicaine: "Très, très difficile à escalader” s’est-il félicité devant l’édifice. "C'est un très beau mur, je crois qu'il a vraiment l'air fantastique."

Il s'agit en réalité du renforcement d'un tronçon de mur déjà existant, qui a été rénové, et rehaussé sous son mandat, explique Le Mondece qui casse l'image de fermeté et de réussite présentée par Washington. Toutefois en mars, le Pentagone avait débloqué au forceps 1 milliard de dollars pour la construction d'une section du mur frontalier.

Les nombreuses menaces de Donald Trump

Au niveau national, le président américain était allé jusqu'à déclencher un "shutdown" de plus de trois semaines en janvier - un record dans l'histoire des États-Unis - face au refus du Congrès de lui accorder un budget pour la construction de son fameux mur à la frontière Mexicaine. Les élus de l'opposition soulignent l'impasse dans laquelle se trouve le président, même si pour arriver à ses fins, il choisit des personnalités radicales.

"Quand même les voix les plus radicales de l'administration ne sont plus assez radicales pour le président Trump, on voit bien qu'il a complètement perdu le contact avec le peuple américain", a dénoncé Chuck Schumer, le chef de la minorité démocrate au Sénat, après le départ de Kirstjen Nielsen.

Outre le mur, la dure politique migratoire de Washington avait déclenché un tollé cet été, après la diffusion d'images et de témoignages d'enfants séparés de leurs parents entrés illégalement sur le sol américain. Un juge fédéral était intervenu, et avait alors ordonné la réunification de centaines d'enfants avec leur famille.

L'Amérique centrale dans le viseur

Donald Trump a également essayé à plusieurs reprises de s'attaquer aux pays d'où proviennent les immigrants, notamment lors de l'arrivée de la caravane des migrants à la frontière américaine, en octobre 2018.

"S'ils permettent à leurs citoyens, ou à d’autres, de traverser leurs frontières et de se rendre jusqu’aux États-Unis, dans l’intention de pénétrer illégalement dans notre pays, tous les paiements qui leur sont versés s'arrêteront", avait déclaré Donald Trump sur Twitter, en ciblant notamment le Honduras, le Guatemala et le Salvador.

C'est surtout le Mexique qui est régulièrement menacé par le président américain, notamment parce qu'il laisse, selon Washington, circuler librement et remonter jusqu'aux États-Unis des groupes d'immigrés illégaux. Dernièrement, Donald Trump a menacé de fermer la frontière avec le Mexique si ce dernier ne mettait "pas fin immédiatement à toute l'immigration clandestine qui arrive aux États-Unis".

Vendredi, lors d'une visite à la frontière mexicaine, le président américain a finalement souligné que le Mexique "se comporte de manière absolument fantastique depuis quatre jours", une déclaration qui intervient à la suite de l'arrestation de 500 migrants illégaux au sud de la frontière. En lieu et place d'une fermeture de la frontière, il menace maintenant son voisin d'augmenter les taxes:

"S'ils continuent (à interpeller les migrants, NDLR), tout se passera bien. Sinon, nous allons taxer leurs voitures à 25%", a-t-il déclaré.
Salomé Vincendon