Le Parlement européen condamne les lanceurs de balle de défense

Un policier armé d'un lanceur de balles de défense - ZAKARIA ABDELKAFI / AFP
Ce jeudi, les députés européens étaient invités à se positionner sur le "droit de manifester pacifiquement". Et l'écho de la mobilisation des gilets jaunes est arrivé jusqu'aux oreilles de Bruxelles, puisque le Parlement a dénoncé, par 438 voix pour, 78 contre et 87 abstentions, "le recours à des interventions violentes et disproportionnées de la part des autorités publiques lors de protestations et de manifestations pacifiques". Une résolution inspirée par le débat français sur le recours aux lanceurs de balles de défense (LBD) au cours des manifestations des gilets jaunes.
Le débat sur le LBD s'est invité dans l'hémicycle
Un amendement qui proposait de bannir "certains types d’armes et dispositifs à létalité réduite, dont, par exemple, les lanceurs de projectiles à impact cinétique, les grenades de désencerclement et les grenades lacrymogènes instantanées", n'a finalement pas été adopté.
L'eurodéputé écologiste français Yannick Jadot a dénoncé l'usage de ces armes non-létales, controversé dans le mouvement des "gilets jaunes". "Il n'y a qu'en France, en Pologne et en Grèce qu'il y a un usage sans limite de ces instruments qui (...), selon les équipes médicales, causent des blessures de guerre", a-t-il déclaré.
Le texte adopté ne cible pas un Etat membre en particulier mais a donné lieu en préambule dans l'hémicycle strasbourgeois à un débat animé auquel ont pris part plusieurs eurodéputés français. Le débat, demandé par une coalition regroupant l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), les Verts et la GUE (Gauche unitaire européenne), avait été lundi soir dominé en partie par la situation en France avec les manifestations des "gilets jaunes", même s'il fait référence à d'autres pays (Roumanie, Espagne, Hongrie, Grèce).
Critique de la loi dite "anti-casseurs"
Dans son texte adopté, le Parlement condamne également "l’adoption de lois qui restreignent la liberté de réunion dans plusieurs États membres ces dernières années". Une critique à peine cachée contre la loi dite "anti-casseurs", votée le 5 février dernier qui permet au préfet de délivrer des interdictions administratives de manifester.
Plus largement, les députés exigent des forces de l'ordre "de ne pas avoir un recours excessif à la force et à des détentions arbitraires à l’encontre de manifestants pacifiques". Tout en reconnaissant que la police "travaille dans des conditions difficiles, compte tenu notamment de l’hostilité dont font preuve certains manifestants".
Enfin, la résolution rappelle le "rôle important des journalistes et photojournalistes", alors que ces derniers sont régulièrement pris pour cible dans les rassemblements.