Le Français Serge Atlaoui, condamné à mort en Indonésie, attendu à Paris mercredi

Serge Atlaoui, à son arrivée au tribunal le 1er avril dernier. - Roméo Gacad - AFP
19 ans que Serge Atlaoui patiente dans une prison indonésienne, 17 ans qu'il vit avec la menace d'une condamnation à mort pour trafic de drogue, lui qui a toujours clamé son innocence. Ce Français, aujourd'hui âgé de 61 ans, a embarqué dans la journée de ce mardi 4 février pour un vol depuis l'aéroport Soekarno-Hatta à Jakarta à destination de la France. Son arrivée à Paris est prévue mercredi matin, heure française.
Pour autant, Serge Atlaoui ne recouvrera pas immédiatement la liberté. À son arrivée en France "il sera ensuite conduit à Bobigny et présenté au parquet puis placé en détention", a indiqué son avocat Richard Sédillot. Serge Atlaoui dit bien pouvoir attendre encore quelques jours, après 17 ans passées dans le couloir de la mort. L'aboutissement d'années de négociations qui se sont achevées par la signature d'un accord entre Paris et Jakarta le 24 janvier dernier pour "raisons humanitaires".
Considéré comme un "chimiste"
Serge Atlaoui, artisan soudeur originaire de Metz (Moselle), a été arrêté le 11 novembre 2005 en banlieue de Jakarta, la capitale de l'Indonésie, dans une usine qui s'est révélée être une chaîne de production d'ecstasy. Le Français s'est toujours défendu de participer à un trafic de drogue, assurant être venu installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique. À l'époque, de nombreuses personnalités, dont la chanteuse franco-indonésienne Anggun, s'étaient mobilisées pour le soutenir.
Les autorités indonésiennes, particulièrement sévères dans la lutte contre le trafic de stupéfiant, n'ont jamais cru à cette version, estimant que Serge Atlaoui était un "chimiste" et participait activement à la production d'ecstasy. Pour cela, il a été condamné à la prison à vie. Mais cette peine est alourdie deux ans plus tard par la Cour suprême indonésienne qui l'a condamné à la peine de mort. Il devait être exécuté en 2015, aux côtés de huit autres détenus.
Graves problèmes de santé
Paris met alors la pression sur les autorités indonésiennes, convoquant l'ambassadeur à plusieurs reprises. Le dossier est sensible, traité en toute discrétion. "Je suis intervenu pour faire en sorte que personne ne parle de son dossier parce que nous savions qu'il ne fallait pas en parler pour ne pas braquer les autorités indonésiennes", confiait Me Richard Sédillot, l'avocat de Serge Atlaoui à nos confrères de RMC.
Un sursis avait alors été octroyé à Serge Atlaoui par Jakarta, qui avait laissé un appel en suspens être instruit. Depuis, la santé du Français s'est dégradée. Chaque semaine, le sexagénaire est extrait de sa cellule pour être soigné pour deux cancers dans un hôpital proche de sa prison.
Le 4 novembre dernier, le ministre de la Justice de l'époque Didier Migaud a adressé un courrier aux autorités indonésiennes pour demander le retour de Serge Atlaoui. L'accord est signé deux mois et demi plus tard. Le Messin est autorisé à revenir en France, les autorités françaises et la justice étant libres de décider de son sort judiciaire une fois transféré. Son avocat a d'ores et déjà fait savoir qu'il déposerait devant le tribunal compétent qui statuera sur son sort une adaptation de sa peine lui permettant une remise en liberté.