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Le CCIF soupçonné de vouloir rebondir en Belgique

LE CCIF a déposé un recours devant le conseil d'Etat en France pour faire annuler sa dissolution.

LE CCIF a déposé un recours devant le conseil d'Etat en France pour faire annuler sa dissolution. - Thomas Samson - AFP

Le Collectif contre l'islamophobie en France s'est auto-dissous en octobre, avant la publication d'un décret du gouvernement français pour annoncer la dissolution de l'organisation mise en cause dans l'assassinat de Samuel Paty.

En France, l'ex-Collectif contre l'islamophobie s'est engagé sur le terrain judiciaire pour exister. En Belgique, c'est en lançant des démarches administratives. L'ancien CCIF est soupçonné de vouloir rebondir de l'autre côté de la frontière avec la création du COllectif contre l'islamophobie en Europe (CCIE). Une situation qui inquiète du côté de Bruxelles.

Un recours devant le conseil d'Etat

Après l'assassinat de Samuel Paty, ce professeur d'histoire-géographie décapité après avoir été pris pour cible sur les réseaux sociaux pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves lors d'un cours, le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin avait mis en cause le collectif. Il l'accusait de faire de la "propagande islamiste" et avait dénoncé une "officine islamiste qui ne condamne pas les attentats". Le décret actant sa dissolution était paru le 2 décembre.

Avant même la publication de ce décret, le collectif a décidé de s'auto-dissoudre en octobre. Le CCIF voulait alors prendre de vitesse le gouvernement en annonçant avoir redéployé "une large partie de ses activités à l'étranger". Pour autant, en l'absence de structure morale, les dirigeants de l'association ont engagé un recours devant le conseil d'Etat le 30 janvier pour demander l'annulation de la dissolution du CCIF.

Des nouveaux statuts déposés en janvier en Belgique

En parallèle, une association reprenant quasiment le même intitulé, à une lettre près dans son acronyme, a été créée le 1er novembre 2020 en Belgique, avec des statuts publiés officiellement le 13 janvier 2021, a expliqué mercredi le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne. Sur sa page Facebook, le CCIE confirmait ses liens au début du mois de février avec le CCIF.

Le ministre belge de la Justice a alors insisté sur la liberté d'association face aux interpellations d'élus s'alarmant sur l'implantation du CCIE dans leur pays. "Même s'il existe des liens entre cette organisation et celle dissoute en France, la Sûreté de l'Etat (le service de renseignement civil belge, ndlr) indique que l'association n'a jusqu'à présent pas encore développé d'activités concrètes", a-t-il ajouté.

Il a alors rappelé qu'en l'état actuel de la loi belge le pouvoir exécutif n'était pas habilité à dissoudre une association, seule la justice pouvant se saisir de faits délictueux.

"Une responsabilité pour notre pays"

Le gouvernement belge a été alerté par plusieurs députés jugeant "inacceptable" qu'une telle association puisse s'installer en Belgique pour "propager l'islam radical", selon eux. "Aucun d'entre nous n'a oublié que les terroristes qui ont frappé la France le 13 novembre venaient de Belgique, avaient créé un réseau ici, s'étaient radicalisés à partir de la Belgique", a affirmé l'un de ces députés du Centre, Georges Dallemagne.

"Cela crée une responsabilité particulière de notre pays, notamment à l'égard de la France, mais aussi en termes de coordination et de cohésion européenne par rapport à la menace radicale islamiste", a-t-il poursuivi.

Le ministre de la Justice a dit "comprendre l'inquiétude" à propos du CCIE, établi à Bruxelles, et promis la vigilance de l'Etat belge. "La Sûreté de l'Etat consacrera l'attention nécessaire à cette association si elle devait développer des activités dans notre pays, et la justice interviendra comme il se doit", a assuré le ministre libéral flamand.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier avec AFP Journaliste police-justice BFMTV