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La revue médicale The Lancet dresse un bilan accablant de la politique de Trump contre le Covid-19

L'immunologiste en chef de la Maison Blanche Anthony Fauci et le président américain Donald Trump lors d'un point presse sur l'épidémie du coronavirus, le 22 avril 2020 à Washington

L'immunologiste en chef de la Maison Blanche Anthony Fauci et le président américain Donald Trump lors d'un point presse sur l'épidémie du coronavirus, le 22 avril 2020 à Washington - MANDEL NGAN © 2019 AFP

Dans une longue étude publiée mercredi, la célèbre revue médicale britannique estime que l'ancien président américain aurait pu éviter 40% des morts dus au coronavirus dans son pays.

Dès la première ligne, l'intention de The Lancet est on ne peut plus clair. "Cette étude (...) évalue les répercussions des politiques du président Donald Trump en matière de santé publique et examine les échecs et fractures sociales qui ont facilité son élection." Une fois n'est pas coutume, la célèbre revue médicale britannique entre de plain pied dans une critique véhémente du prédécesseur de Joe Biden à la Maison Blanche.

En matière sanitaire, le principal chiffre évoqué par The Lancet concerne le bilan humain dramatique que le Covid-19 a fait subir aux États-Unis, où plus de 27,4 millions de cas positifs ont été diagnostiqués à date du 11 février. D'après l'étude, sur les plus de 450.000 morts dénombrées il y a une semaine, "environ 40% auraient pu être évitées si le taux de mortalité américain avait été dans la moyenne des autres pays du G7".

"Dizaines de milliers de morts inutiles"

Le document, très fouillé, a été réalisé par une "Commission sur les Politiques publiques et la Santé sous l'ère Trump", mise en place en avril 2017, quelques mois après l'arrivée du milliardaire à la Maison Blanche. Son bilan est implacable et accablant. Il dénonce une "santé publique sous-financée de manière chronique", une "préparation inadéquate aux catastrophes" et une "réponse non coordonnée".

"La mauvaise gestion de Trump de la pandémie de Covid-19 (...) a causé des dizaines de milliers de morts inutiles", écrivent ses auteurs.

"Au lieu de galvaniser la population américaine pour l'inciter à combattre la pandémie, le président Trump a publiquement nié la menace qu'elle pouvait représenter (bien que la reconnaissant en privé), a découragé toute action pour la contenir, et rejeté toute coopération internationale", reprochent-ils. D'après The Lancet, le refus de Donald Trump "de développer une stratégie nationale a aggravé la pénurie d’équipements de protection et de tests".

"Le président Trump a politisé le port du masque et la réouverture des écoles et organisé des événements dans des lieux clos auxquels ont assisté des milliers de personnes, lieux où le port du masque était déconseillé et la distanciation physique était impossible", énumère le rapport.

"Dédain pour la science"

Ils écrivent par ailleurs que le "dédain" de Donald Trump "pour la science et les coupes dans les programmes et les agences sanitaires ont entravé la réponse à la pandémie, causant des dizaines de milliers de morts inutiles, mettant en danger aussi les avancées contre le sida et autres maladies".

Selon The Lancet, en dépit des tentatives ratées du président républicain d'abroger l'Affordable Care Act (réforme de la protection sociale connue sous le nom d'Obamacare), "il a affaibli son taux de couverture et augmenté de 2,3 millions le nombre de personnes dénuées d'assurance maladie, avant même le grand bouleversement provoqué par la pandémie".

"La suppression du Conseil national de sécurité sanitaire et le gel de près de 700 embauches dans les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (ils forment ensemble la principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique) ont compromis toute préparation", soulignent les auteurs.

Promotion du "nationalisme blanc"

Là où les conclusions de l'étude divergent des publications habituelles du Lancet, cantonnées aux questions médicales pointues, c'est dans leur évaluation des racines de la victoire du trublion républicain. Elles dénoncent sa promotion du "nationalisme blanc", des violences policières, de "l'intolérance religieuse, et l'accusent d'avoir sciemment provoqué "l'insurrection" du Capitole le 6 janvier.

"Si l'ascension de Trump à la présidence a été nourrie par le racisme, le nativisme et la peur de la privation, ses politiques ont consisté en une attaque renforcée à l'égard de la santé et du bien-être d'individus aux États-Unis et ailleurs", peut-on lire.

Seule note "positive" accordée à l'ancien chef d'État: le fait que l'espérance de vie américaine était déjà sur une courbe descendante avant son élection, passant de 78,9 ans en 2014 à 78,7 ans en 2018. Une période dans laquelle s'inscrit le premier déclin (de cette espérance de vie) de trois années d'affilée depuis la Première Guerre mondiale et la Grippe espagnole de 2018. "La pandémie de Covid-19 a davantage compromis cette longévité", déplore The Lancet.

Jules Pecnard Journaliste BFMTV