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L'Arkansas maintient son calendrier d'exécutions malgré des revers

Asa Hutchinson, le 19 juillet 2016, à Cleveland

Asa Hutchinson, le 19 juillet 2016, à Cleveland - ALEX WONG/AFP

Huit condamnés vont probablement être exécutés avant la fin du mois, juste avant l'arrivée à expiration du médicament utilisé pour leur mise à mort.

La bataille judiciaire autour d'une série inédite d'exécutions prévue dans l'Arkansas, avant l'arrivée à expiration d'un médicament crucial fin avril, n'en finit pas. Deux détenus ont décroché un sursis in extremis, mais cet Etat du sud reste déterminé à poursuivre les mises à mort.

Le duel entre le bureau du procureur et le gouverneur d'un côté, et les avocats des prisonniers et opposants à la peine de mort de l'autre, s'est accéléré à la veille du week-end dernier. Chaque camp remportant tour à tour une manche, au gré des recours qui sont allés jusqu'à la Cour suprême des Etats-Unis.

Les neuf Sages ont mis leur veto lundi à l'exécution de Don Davis, le premier sur la liste, quelques minutes seulement avant sa mise à mort. L'homme avait déjà pris ce qui devait être son dernier repas. Bruce Ward, qui devait également être exécuté lundi, avait obtenu vendredi un sursis auprès de la Cour suprême de l'Arkansas. Jason McGehee, qui devait recevoir une injection létale le 27 avril, avait obtenu le 6 avril un délai d'un mois, le temps qu'une demande de clémence soit examinée.

Aucune exécution n'a été réalisée dans cet Etat depuis 2005. L'Arkansas prévoyait à l'origine de réaliser huit exécutions en onze jours, du jamais-vu depuis que la Cour suprême américaine a rétabli la peine de mort en 1976.

Militant anti-peine de mort, le 29 juin 2016, à Washington DC
Militant anti-peine de mort, le 29 juin 2016, à Washington DC © MANDEL NGAN, AFP/Archives

Malgré ces revers, le bureau du procureur entend suivre le reste du programme concocté par le gouverneur républicain Asa Hutchinson: Ledell Lee et Stacey Johnson jeudi, puis Jack Harold Jones et Marcel Williams le 24 avril et enfin Kenneth Williams le 27, a indiqué à l'AFP Judd Deere, porte-parole du procureur de l'Arkansas.

Si trois hommes ont obtenu un sursis salvateur, la mobilisation reste solide pour ceux figurant encore sur le calendrier morbide du gouverneur, qui a provoqué de nombreuses manifestations et une réprobation internationale.

Conflit sur l'utilisation de bromure de vécuronium

En marge de cet entrelacs de recours au cas par cas, un autre front judiciaire a été ouvert en fin de semaine dernière. Cette fois par la société américaine de distribution de produits pharmaceutiques McKesson qui accuse les autorités pénitentiaires de lui avoir acheté du bromure de vécuronium --qui provoque une paralysie des muscles-- sans l'avoir prévenue qu'il serait utilisé dans un protocole de mise à mort de prisonniers.

Un juge local a tranché en sa faveur vendredi, suspendant les exécutions programmées. Mais une cour d'appel a levé ce blocage et donné son feu vert à l'Etat pour qu'il suive le protocole médicamenteux prévu. "Les prisonniers préparent (mardi) une pétition pour demander à la Cour suprême des Etats-Unis de l'invalider", a précisé à l'AFP Rob Dunham, directeur du Centre d'information sur la peine de mort.

Si l'attaque sur ce flanc était victorieuse, le camp anti-peine de mort pourrait remporter la guerre dans l'Arkansas. Au moins temporairement.

Me.R. avec AFP